mercredi 26 décembre 2012

Èxtraits des odes mystiques de Mawlânâ Djalâl, Od-Dîn Rûmi (ra)

Èxtraits des odes mystiques de Mawlânâ Djalâl, Od-Dîn Rûmi (ra)

Sois enivré d'amour, car l'amour est tout ce qui existe.

L'amour est d'ordre universel.

Chaque instant qui s'écoule loin de l'amour
Est devant Dieu comme un objet de honte.

Recherche le royaume de l'Amour
Car ce royaume te fera échapper à l'ange de la mort.

Les mœurs de l'amour ignorent les conventions.

Si tu es amoureux de l'amour, si c'est l'amour que tu recherches,
Prends un poignard aiguisé et coupe le cou de la timidité.
Et sache que la réputation est un grand obstacle sur ce Sentier.

(Odes mystiques)

Quand l'Ange de la mort meurt! Rappelle-toi ce jour mon frère, ma soeur ...

vendredi 23 novembre 2012

Quelques hadiths sur le jeûne le jour de l'Ashûra


Salam alaikoum chers frères et soeurs,

comme vous le savez, demain est le jour de l'Ashûra; il est très profitable de jeûner.

Qu'Allah le Tout-Puissant nous accorde de pouvoir jeûner et qu'Il nous accorde les bénéfices lié à ce jour...


Le Prophète (saws) dit : 

«Je compte sur Allah pour que le jeûne observé le jour d'Arafa expie les péchés commis pendant l'année précédente et l'année suivante et pour que le jeûne du jour d'Ashoura expie les péchés commis pendant l'année précédente. »

(rapporté par Mouslim)


D'après Ibn 'Abbâs (ra): 

quand le Prophète jeûna le jour de 'Ashoura et recommanda de le jeûner, on lui dit :

Ô Messager de Dieu, c'est un jour vénéré par les juifs et les chrétiens'.

Il dit alors : « Si je suis encore vivant l'année prochaine, et si Dieu le veut, je jeûnerai aussi le 9ème de Muharram ».(mais notre bien aimé prophète décéda avant)

 (rapporté par Muslim)


le Prophète (saws) a dit : 

« Celui qui se montre généreux (wassa'a) envers les gens de sa maison le jour de 'Ashoura, Allah lui élargira (ses biens) toute l'année (c'est-à-dire que Dieu fera de son année une année bonne et satisfaisante (riche) »

Ce hadîth est considéré comme Sahîh (authentique) par l'Imâm As-suyûtî dans son oeuvre « Al-jâmi'a as-saghîr ». Al-hâfiz Al-'irâqî a dit que ce Hadîth était Hasan (bon), At-tabarânî et al-bayhaqî l'ont rapporté aussi en disant quant à eux que sa chaîne de transmission était faible.

Source: http://www.aslama.com/forums/showthread.php/21928-Le-Jeûne-de-Ashoura-Remise-à-Jour

vendredi 16 novembre 2012

Les mois sacrés en islam

Les mois sacrés en islam





nov 16, 2012


Ecrit par Jessica Sihame



Nous sommes aujourd’hui le vendredi 16 novembre 2012, Al jumu’a 2 Muharram 1434 ; en arabe cela s’écrit comme ceci :
الجمعة محرم ١٤٣٤

Nous venons donc d’entrer dans une toute nouvelle année islamique al hamduli-Llah ! Hey oui, nous sommes en 1434 dorénavant.

Allah le Digne de louanges dit dans Son Coran : « En vérité, le nombre des mois est de douze, auprès de Dieu, ainsi que c’est écrit dans Son Livre depuis le jour où Il a créé les Cieux et la Terre. Quatre de ces mois sont sacrés. Telle est la religion dans sa rectitude. Evitez donc durant cette période de vous faire du tort à vous-même […] » [Sourate At-Tawba, verset 36]

Les mois sacrés en Islam sont :

- Muharram, 1er mois lunaire

- Rajab, 7ème mois lunaire

- Dhu-l qi’da, 11ème mois lunaire

- Dhul-hijja, 12ème mois lunaire

Le Prophète (sallalahu ‘alayhi wa salam) a dit : « Le temps a repris son cours tel qu’il était quand Allah créa les cieux et la terre : l’année compte douze mois dont quatre mois sacrés ; les trois se succèdent et ont pour nom Dhu-l-qi’da, Dhul-hijja et Muharram et le quatrième Rajab qui est intercalé entre Jumâda et Cha’baane.» [Al-Boukhari (3167) et Mouslim (1679)]

Le jeûne et les actions vertueuses sont méritoires et recommandés dans les mois sacrés. Nous allons détailler ci-après les bienfaits et caractéristiques de ces mois selon la tradition prophétique.

Muharram

Il a été rapporté de façon authentique d’après le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa salam) que le jeûne effectué pendant Muharram est le meilleur après celui de Ramadhan. A ce propos, Abu Hurayra (radhiaAllahou’anhou) a dit : « Le Messager d’Allah (sallallahu ‘alayhi wa salam) a dit : « le meilleur jeûne après celui du Ramadhan est le jeûne effectué pendant le mois d’Allah, Muharram. Et la meilleure prière faite après la prière obligatoire est celle effectuée dans la nuit. » [Mouslim (1163)].

Le 1er jour du mois de Muharram correspond au nouvel an islamique / 1er jour de l’Hégire (ce jour a coïncidé avec le 16 juillet 622 de l’ère chrétienne). Le nouvel an islamique célèbre le départ (l’émigration, la Hijra) de Muhammad (sallallahu ‘alayhi wa salam) de la Mecque pour Médine, en 622.

Le 10ème jour du mois de Muharram dit le jour de ‘âshûrâ, évoque plusieurs événements historiques :

- Le jour où Nouh (‘alayhi salam) fut sauvé avec les croyants du déluge

- Le jour où Allah donna la victoire à Moussa (‘alayhi salam) et aux fils d’Israël sur Pharaon et ses hommes.

C’est un jour où le jeûne est méritoire. Il est très apprécié et préférable de se montrer généreux envers les gens de sa maison ce jour là. Il est méritoire aussi de jeûner le 9 Muharram (de le jeûner en plus du 10 Muharram pour se distinguer des Juifs entre autre).

Rajab

La Nuit du 27 du mois sacré de Rajab correspond selon certains à l’événement miraculeux de Al-isrâ’, le voyage nocturne du Prophète Muhammad (sallallahu ‘alayhi wa salam), qui l’a conduit de la Mecque à Jérusalem ; il coïncide également avec l’évènement Al-mi`râj, l’ascension du Prophète (sallallahu ‘alayhi wa salam) jusqu’au « Lotus de la limite » (Sidrat Al-Muntahâ).

Le mois de Rajab faisant partie des mois sacrés, le jeûne y est recommandé en vertu du hadith d’Al-Bâhilî à qui le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa salam) dit : « Jeûne et mange pendant les mois sacrés. » Abu Dawûd. Le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa salam) recommandait le jeûne de trois jours de chaque mois, comme cela est rapporté dans les deux Sahîh ; aussi, jeûner quelques jours pendant le mois de Rajab est recommandé en vertu de ces ahadiths généraux. Mais il semble qu’il n’existe aucune narration authentique ayant consacré le jeûne de certains jours en particulier du mois de Rajab, que ce soit le premier jour ou un autre jour du mois. Et Allait sait mieux.

Dhu-l-hijja

C’est l’un des mois du grand pèlerinage (hajj) à la Mecque (la période du hajj se déroule sur 3 mois mais certains rites ont des jours bien définis).

Les 10 premiers jours de ce mois sacré sont les jours où les actes sont les plus récompensés, Allah a même juré dans le Coran (sourate Al-fajr) par ces 10 nuits.

Ibn ‘Abbâs rapporte: « Le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa salam) a dit : « Il n’y a pas d’œuvres meilleures que celles faites en ces 10 jours. » Les Compagnons dirent : « Même pas le Jihâd ? » Il dit : « Même pas le Jihâd, sauf un homme qui sortirait risquant sa vie et ses biens et qui ne reviendrait avec rien (c’est-à-dire qu’il y perdrait sa vie et sa fortune). » Rapporté par Al-Boukhari.

- Le 9ème jour du mois de Dhu-l-hijja : c’est le jour de la station de ‘Arafât : le pilier le plus important du grand pèlerinage. Il est très méritoire de jeûner ce jour (pour les non pèlerins).

Le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa salam) a dit : « Je compte sur Allah pour que le jeûne observé le jour d’Arafa expie les péchés commis pendant l’année précédente et l’année suivante et pour que le jeûne du jour d’Ashoura expie les péchés commis pendant l’année précédente. » [Mouslim (1162)]

- Le 10ème jour du mois de Dhu-l-hijja : il correspond à l’Aid al-Adha / la fête du sacrifice. Cette grande fête est célébrée dans tout le monde musulman et indique la fin du pèlerinage à la Mecque ; on sacrifie une bête (ovin, caprin ou bovin) et on donne de la viande aux pauvres.

Il est recommandé pendant ce jour de fête et les deux jours qui le suivent de multiplier les invocations (entre autre dire « Allahu akbar »). Les dix premiers jours du mois sacré de Dhu-l-Hijja sont bénis et il convient de faire pendant ces jours plus d’actes méritoires et d’invocations. Il est recommandé aussi de montrer les signes de joie et du bonheur et de les partager avec la famille, les proches et les voisins… Les visites mutuelles, pour augmenter l’amour et consolider les liens, sont aussi très recommandées pendant cette fête.

Notez bien qu’il est interdit de jeûner le jour de l’Aid al-Adhâ / la fête du sacrifice et les deux jours qui le suivent et il est interdit aussi de jeûner le jour de l’Aid al-Fitr / la Petite Fête.


Source: http://www.imanemagazine.com/les-mois-sacres-en-islam/

samedi 4 février 2012

La lumière de Muhammad (saws)

                        La lumière de Muhammad (saws)


La nature lumineuse du Prophète Muhammad (que Dieu prie sur lui et le salue), participe pour lui comme pour chaque chose créée. Tout vient de Dieu et donc de Sa Lumière. La Tradition rapporte qu’il fut la première de toutes les formes créées qui contient en elle toutes les autres. Le Prophète a dit : « J’ai reçu la somme de toutes les paroles » et également : « Adam était encore entre l’eau et l’argile que j’étais déjà ». Il est donc comme la graine qui contient l’arbre tout entier.


Sa nature lumineuse est confirmée par ce qui suit :


-La Mère des croyants, A’isha, a dit de lui que « sa nature était le Coran » c’est-à-dire que le Coran s’est transmué en lui au point de devenir sa propre nature. Or :


« Notre Messager (Muhammad) , vous est certes venu, (…) Une Lumière et un Livre explicite vous sont certes venus de Dieu ! » (Coran, V, 15)


-selon les expressions coraniques, Muhammad (saws) est un « flambeau rayonnant » (Coran, XXXIII, 46), un « exemple excellent » (XXXIII, 21), d’une « condition éminente » (LXVIII,4).


Il a assumé toutes le vicissitudes terrestres, la condition humaine dans son intégralité, dans la plus totale servitude ; en effet, le Prophète est dit « ummi », « illettré » en langue arabe, qui a aussi le sens de virginité primordiale de celui qui vient d’être enfanté ; c’est l’état d’innocence de celui qui est totalement pur et réceptif, celui qui ne sait rien, qui ne prétend rien, qui n’est rien, que par Dieu qui Seul Est. C’est le « fakr » (pauvreté), la simplicité évangélique. Ce dépouillement individuel est également implicitement contenu dans l’un des noms secondaires du Prophète : « Abd’Allah » ( le serviteur de Dieu). Si l’homme ne s’est préalablement pas vidé de toute prétention d’être une réalité en soi, de tout ce qui n’est pas Dieu, il ne peut être « plein » de l’éternelle présence, ce mystère que le Coran mentionne en ces termes : « Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire ». La réalisation de cette proximité est suggérée dans un autre nom du Prophète : « Habib Allah » (l’Aimé de Dieu) ; or quand Dieu aime : « Je suis l’ouïe avec laquelle il entend, la Vue avec laquelle il voit, la Main avec laquelle il combat et le Pied avec lequel il marche » (hadith qutsî)
« Ce n’est pas toi qui lançait quand tu lançais : mais c’est Dieu qui lançait » (VIII, 17)


Sa nature était donc entièrement réceptive et vierge, le miroir sans tâche des perfections divines qui contient en Soi toutes les choses, Lumière totalisatrice confirmée par son ascension et son statut de « luminaire brillant ».


Le nom Muhammad, qualificatif de Ahmad, signifie « Le Glorifié », celui en lequel est célébrée la Louange divine qui se propage providentiellement à tous les membres de la communauté humaine, comme le soleil propage ses rayons. Ainsi le Prophète est lumière pour les coeurs, comme le soleil pour les yeux et c’est cette lumière qui nous guide auprès de Dieu. C’est en apprenant à aimer la lumière du Prophète -qui est Lumière de Dieu- que l’on gagne l’Amour de Dieu.


« Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers » (Coran, XXI, 107)
« Dis : Ô vous les croyants, si vous aimez Dieu, suivez-moi et Dieu vous aimera et vous pardonnera. » (Coran, III, 31)
« Ceux qui font le pacte avec toi, en vérité c’est avec Dieu qu’ils font le pacte » (Coran, XVIII, 10)


Jâbir ïbn ‘Abdillah rapporte : « J’ai dit :Ya Rasulullah, apprends moi la première chose que Dieu a créée. Il répondit : Allah a créé la Lumière de ton Prophète (Nur Muhammadi), de Sa propre lumière, avant toute autre chose et il n’y avait en ce moment ni tablette, ni plume, ni paradis, ni enfer, ni ange, ni ciel, ni terre, ni soleil, ni lune, ni djinn , ni homme. Quand il a voulu créer la Créature, il partagea ladite lumière en quatre parts. Il en fit de la première la plume (qalam), de la deuxième la tablette (lawh, tablette cachée où sont consignées toutes les destinées), de la troisième le Trône de Dieu (‘arch); ensuite Dieu partagea la quatrième part en quatre parties et fit de la première partie les anges porteurs du royaume de Dieu, de la deuxième le Repose-Pied de Dieu (kursiyyu) , de la troisième les autres anges ; ensuite Dieu divisa la quatrième part restante en quatre parts et fit de la première part les cieux, de la deuxième les terres, de la troisième le paradis et l’enfer ; ensuite Dieu divisa la quatrième part restante en quatre parts et fit de la première part la clarté des pensées des croyants, de la deuxième la lumière de leurs cœurs qui est la connaissance de Dieu, de la troisième la lumière de leur intimité qui est la foi en un Dieu unique à travers la proclamation que Dieu est unique et que son Prophète est Muhammad « 


[Références : Abidin (Ahmad al-Shami d. 1320), le fils du savant Hanafi Ibn `Abidin, cite cette tradition prophétique comme une evidence dans un commentaire sur un poéme d’Ibn Hajar al-Haytami al-Ni`mat al-kubra `ala al-`alamin. Nabahani le cite dans ouvrage Jawahir al-bihar (3:354); Ajluni (Isma`il ibn Muhammad d. 1162) dans son ouvrage Kashf al-khafa' (1:265 de Maktabat al-Ghazali edition in Beirut) raporte ce hadith dans sa totalité provenant de Qastallani dans son Mawahib.]


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Calligraphie : « Muhammad, Envoyé de Dieu »

source: http://aminour.unblog.fr/2006/11/25/la-lumiere-de-muhammad-saws/

jeudi 2 février 2012

Le mufti d'Arabie Saoudite sur le Mawlid

salam alaikoum chers frères et soeurs,

étonnant, non; le mufti d'Arabe Saoudite dit que le Maulid est une bid'a mais que célébrer la fête nationale est permis et qu'il est souhaitable ce jour de remercier Allah et de se souvenir de Lui.


Sans commentaires.

lundi 23 janvier 2012

Les quatre fondateurs d’école juridique et le soufisme

Salam alaikoum,

un extrait tres interessant du livre d'Eric Younès Geoffroy "Initiation au soufisme" sur l’attitude des quatre fondateurs d’école juridique sunnite.


Quelle est l’attitude des quatre fondateurs d’école juridique sunnite, qui ont vécu aux XIIIe et IXe siècles, à l’égard du soufisme ? Leur jugement, pour autant qu’on puisse l’authentifier, est important aux yeux des musulmans pour qui ils représentent une caution morale et scientifique. Il n’est pas indifférent que les soufis tardifs ainsi que les ulémas affiliés au tassawwuf invoquent leur autorité. Ils les considèrent comme des saints ou, à tout le moins, comme des modèles des « savants soufis », ceux qui ont su, avant d’autres, unir en eux l’extérieur et l’intérieur du message islamique.

Le premier imam, Abû Hanîfa (m.767), voyait fréquemment le Prophète en rêve et avait recours au « dévoilement » dans sa démarche juridique. Selon Hujwirî (XIe s.), il aurait été un parfait sûfi, qui portait un vêtement de laine et aimait la retraite (1). Abû Hanîfa aurait été le maître à la fois exotérique et ésotérique de Dâ ûd Tâ’î, et aurait fait partie d’une chaîne initiatique majeure où l’on retrouve, un siècle plus tard, les soufis de Bagdad (2). Son contemporain , Ja’far Sâdiq (m.765), sixième Imam du chiisme duodécimain, est à l’origine du rite juridique chiite ja’farite. Réputé pour sa science et sa sagesse, il exerçait une véritable maîtrise spirituelle sur plusieurs soufis « sunnites » et figure dans plusieurs chaînes initiatiques du soufisme primitif.

Du deuxième imam, Mâlik (m.795), nous possédons un aphorisme précieux, très souvent cité dans la littérature soufie : « Celui qui s’adonne au soufisme sans connaître le droit musulman tombe dans l’hérésie ; celui qui étudie le droit en négligeant le soufisme finit par rompre son âme ; seul celui qui pratique les deux sciences parvient à la réalisation spirituelle. » Mâlik aurait eu une conception spiritualiste de la science religieuse (’ilm) car, selon lui, celle-ci ne saurait s’évaluer à la quantité de l’enseignement transmis : s’inspirant de plusieurs traditions prophétiques, il présentait la science religieuse comme une lumière que Dieu dépose dans le cœur du savant (3).

Quant au troisième imam, Shâfi î(m.820), il se montra d’abord hostile aux soufis qu’il aurait traités de « gros mangeurs, ignares, intrus… (4) ». Mais ce jugement porte peut-être sur les faux ascètes que les maîtres vilipendaient. Peut-être aussi témoigne-t-il d’une rivalité naissante entre les « juristes » et les soufis. Puis, à la suite d’une rencontre avec un soufi, Shâfi î discerna entre le bon grain et l’ivraie dans les premiers milieux du tasawwuf (5). Dès lors, il changea radicalement de ton : « j’ai retiré de la compagnie des soufis deux choses : « le temps est comme l’épée ; si tu ne la casses pas, c’est elle qui te casse » et « si tu n’occupes pas ton âme charnelle par la vérité, c’est elle qui t’emploie à la futilité.(6) » Il fait cet aveu : « j’aime trois choses en ce monde : l’absence de maniérisme, fréquenter les humains dans une atmosphère paisible, et suivre la voie des soufis (7) ». On nous le dépeint encore, en compagnie d’Ibn Hambal , s’en remettant à l’intuition d’un spirituel pour résoudre des problèmes rationnellement insolubles. La postérité l’a considéré comme un saint et, plus particulièrement comme un savant « mettant en pratique son savoir »( al âlim al-âmil). Pour beaucoup , Shâfi î aurait occupé un rang élevé dans la hiérarchie ésotérique des saints et selon Ibn Hajar Haytamî (XVIe s.), il serait devenu le Pôle de cette hiérarchie peu avant sa mort (8). De nos jours encore, de nombreux Egyptiens lui adressent, à son tombeau au Caire, des demandes d’intercession par voie épistolaire.

Ahmad Ibn Hanbal (m.855), fondateur du rite hanbalite, est aussi à l’origine d’un mouvement de piété strictement fidèle aux sources scripturaires. D’après de nombreuses sources, il fit l’éloge de soufis comme Ma’rûf Karkhî et Abû Hamza, qu’il consultait sur des questions difficiles. Il s’opposait à Hârith Muhasibî (m857), le jugeant trop enclin à l’introspection psychologique et à l’usage du raisonnement dialectique, mais il écoutait en cachette le même Muhasibî , puis le remerciait pour ses paroles. Il enjoignait autrui à « prendre la science par le haut » , accordait un grand crédit aux visions spirituelles, aux miracles ainsi qu’à la hiérarchie ésotérique des saints (il a évoqué à plusieurs reprises les abdâl). On lui prête cette recommandation à son fils : « Cherche la compagnie des soufis, car ils nous dépassent quant à la science, le contrôle de soi et l’énergie spirituelle(9) . »

Ces quatre imams vivaient il y a plus de dix siècles, et la distorsion due aux temps fait que leurs points de vue nous paraissent parfois contradictoires. Ibn Hanbal, par exemple, semble tantôt favorable aux séances collectives de dhikr, tantôt hostile. En tant état de cause, ces imams n’ont pas dénoncé le soufisme, alors qu’ils ont critiqué la théologie rationnelle (kalâm) par exemple. S’ils se sont montrés ouverts à l’égard de la mystique naissante, pourquoi n’ont-ils rien écrit sur la vie spirituelle ? Sha’rânî (XVIe s.) répond que les musulmans des premiers siècles par leur proximité de l’époque prophétique, n’avaient pas encore besoin de tels écrits. Le cheikh Ahmad ’Alawi (XXe s.) note de son côté que les imams ne pouvaient dévoiler le versant ésotérique de leur personnalité scientifique (10).

On peut commander le livre ci-dessous:



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