lundi 30 mai 2011

De l'interdiction d'insulter le vent!

De l'interdiction d'insulter le vent

Abû al-Mundhir b. Ubayy b. Ka'b rapporte ces propos de
  l'Envoyé de Dieu (saws):
"N'insultez pas le vent. Et si vous
voyez quelque chose qui vous déplaît, dites : "Mon Dieu,
nous Te demandons les bienfaits de ce vent, de ce qu'il
véhicule et les bienfaits résultant de ce qui lui a été
ordonné. Et nous nous réfugions auprès de Toi contre les
méfaits de ce vent, de ce qu'il véhicule et contre les méfaits
résultant de ce qui lui a été ordonné." (al-Tirmidhî) (hasan sahîh)

 

Abû Hurayra a entendu ces paroles de l'Envoyé de Dieu (saws):
"Le vent provient de la Miséricorde de Dieu. Il est source de
clémence et de châtiment. Aussi si vous le voyez souffler, ne
l'insulter pas et demandez à Dieu qu'Il vous accorde ses
bienfaits et vous préserve de ses méfaits." (Abû Dâwûd)
(hasan)


'A'isha rapporte que le Prophète (saws) faisait cette invocation
quand le vent soufflait avec force :
"Mon Dieu, je Te demande
de m'accorder les bienfaits du vent, de ce qu'il véhicule et de
ce pourquoi il a été envoyé. Et je me refugie auprès de Toi
(afin que Tu me préserves) de ses méfaits, des méfaits de ce
qu'il véhicule et de ce pourquoi il a été envoyé." (Muslim)
 

mercredi 25 mai 2011

Lettres sur le Prophete et autres lettres sur la voie spirituelle

Un livre que je ne peux que recommander comme tout ce que fait Tayeb Chouiref.

 Lettres sur le Prophete et autres lettres sur la voie spirituelle

Cheikh al-'Arabî al-Darqâwî

Traduites et présentées par Tayeb Chouiref 

Par son exemple vivant et son enseignement, le Cheikh Darqâwî revivifia la spiritualité dans le Maroc du début du 19ème siècle. Après sa mort, son enseignement – consigné dans un recueil de lettres – rayonna bien au-delà des frontières du royaume chérifien.
D’après un célèbre hadith, un rénovateur (mujaddid) apparaît au début de chaque siècle afin de revivifier l’islam. Le Cheikh Darqâwî avait clairement conscience d’assumer une telle fonction. Cette revivification de l’islam n’est autre qu’un retour à la pureté des enseignements originels du Prophète. Mais contrairement aux courants littéralistes, qui affirment eux aussi faire retour aux enseignements originels, le Cheikh Darqâwî ne prône pas une imitation extérieure et aveugle. Il s’agit, pour lui, de suivre les pas du Prophète dans son cheminement vers Dieu, par la purification de l’âme et le rayonnement des vertus en elle.
Afin de mettre en lumière cet aspect des choses, le présent ouvrage rassemble les lettres du Cheikh qui évoquent la spiritualité du Prophète : nous entrons, par là même, au cœur des enseignements du grand maître spirituel que fut Darqâwî.
Pour leur majorité, les lettres présentées au lecteur sont traduites en français pour la première fois.
 

On peut le comander entre-autre chez Amazon:

http://www.amazon.fr/Lettres-Prophète-autres-lettres-spirituelle/dp/2953220070/ref=sr_1_4/278-8453187-2064215?ie=UTF8&qid=1306353571&sr=1-4

Editions Tasnim: http://www.tasnim.fr/

lundi 23 mai 2011

Les musulmans d’Ossétie du Nord

Les musulmans d’Ossétie du Nord

Par Mikhail Rochtchine*
Traduit en français par S.Tournon


Alors que la majeure partie de la population du Nord Caucase, en Russie, est musulmane, la République d’Ossétie du Nord-Alanie constitue une exception, car les musulmans y sont une minorité, petite mais visible. Cette république de 7 987 km² compte, selon le recensement de 2010, 700 858 habitants, dont 445 300 sont des Ossètes (60,7%), 164 7000 des Russes (23,2%) et 25.400 des Ingouches (5%). Les musulmans d’Ossétie du Nord sont mal connus, alors qu’ils formeraient, selon les spécialistes, près de 15% de la population. Cet article entend présenter un portrait de cette population au travers des personnes et institutions qui s’en font les porte-parole.

L’islamisation des Nord Ossètes s’est pour partie déroulée aux XVIII-XIXe siècles. Actuellement, l’immense majorité des musulmans ossètes sont sunnites, de rite hanafite. Détail intéressant, la mosquée centrale de Vladikavkaz, la capitale, monument unique dans tout le Nord Caucase, fut construite au début du XXe siècle suivant un modèle architecturale égyptien, grâce aux subventions du magnat azerbaïdjanais du pétrole Mourtaza-aga Moukhtarov, dont l’épouse, Elizaveta Touganova, était Ossète.

Renaissance de l’islam en Ossétie du Nord

A l’époque soviétique, la lutte contre les religions obligea la fermeture de toutes les mosquées d’Ossétie du Nord. Au moment de la perestroïka, et à plus forte raison à la suite de l’écroulement de l’URSS, le religieux refit surface, et les musulmans d’Ossétie du Nord purent s’exprimer de nouveau. La vieille génération, traditionnaliste, s’est réorganisée autour de la personnalité la plus connue d’alors, Dzankhot Khekilaev, décédé en 2004. En parallèle, des milliers de jeunes nord Ossètes se mirent à suivre un islam plus proche du salafisme. Cette situation aboutit à la constitution de deux structures musulmanes dans la république. En 1990, les traditionnalistes fondirent la Direction spirituelle des musulmans d’Ossétie du Nord (DSMOS) dirigée par D. Khekilaev, et les jeunes musulmans créèrent leur propre organisation, nommée de manière informelle Djamaat, officiellement inscrite en tant que Centre culturel islamique en 1996 [1]. Ces jeunes musulmans élurent pour président - ou émir - Ermak Tegaev, un homme d’une quarantaine d’années au passé criminel, incarcéré 12 ans à l’époque soviétique.

Souleyman Mamiev, chirurgien, émir adjoint et imam de la mosquée centrale de Vladikavkaz, nous a confié lors de divers entretiens tenus dans les années 2000-2004 que ce courant incluait aussi les communautés musulmanes des villes de Beslan et de Elkhotovo. Le «Djamaat» d’Ossétie du Nord collaborait étroitement avec celui de Kabardino-Balkarie dirigé par l’imam Moussa Moukojev, personnalité populaire parmi les jeunes musulmans locaux, qui passa à l’automne 2005 dans la clandestinité, devenant ainsi l’un des dirigeants de l’islam armé clandestin de Kabardino-Balkarie. Il fut tué lors d’une opération spéciale le 10 mai 2009. Souleyman Mamiev nous apprit aussi qu’au début des années 2000, la communauté musulmane de Vladikavkaz comptait près de 500 fidèles, dont la majorité était des Ossètes. Beaucoup d’étudiants tchétchènes et ingouches s’y trouvaient avant la tragédie de Beslan. Après le drame qui se déroula les 1er-3 septembre 2004 [2], ces derniers quittèrent la ville et s’installèrent dans d’autres régions de Russie, ou émigrèrent.

Vladimir Khodov, l’un des combattants qui participa à la prise de l’école de Beslan, était originaire du village ossète d’Elkhotovo. De nationalité russe, une fois ses études en madrasa terminées, il se rapprocha des «wahhabites», comme il est convenu d’appeler les partisans du fondamentalisme musulman au Nord Caucase, puis il travailla en tant que cuisinier dans l’unité du commandant tchétchène Rouslan Guelaev [3]. Dans la seconde moitié des années 2000, le «Kataïb al-haoul» (bataillon de l’horreur, en arabe), branche armée du djamaat clandestin, fut reconnu responsable de plusieurs actes terroristes en Ossétie du Nord.

Le 2 février 2005, les agents du FSB d’Ossétie du Nord, en liaison avec la Direction de la lutte contre le crime organisé du ministère de l’Intérieur, firent irruption au domicile d’Ermak Tegaev, président du Centre culturel islamique, alors âgé de 48 ans. Des témoins affirment que des explosifs ont été placés chez lui intentionnellement afin de servir de base d’accusation. Caucasus Times, qui s’est référé aux données fournies par les organes juridiques de la république, affirma que lors de l’arrestation de E. Tegaev, 270 grammes de plastic, 3 détonateurs électriques et de la littérature religieuse, des manuels, des vidéos et cassettes audio à caractère extrémiste furent saisis [4]. Plus tard, en août 2005, le tribunal régional soviétique de Vladikavkaz condamna E. Tegaev à 2 ans et demi d’enfermement en colonie. Un an plus tard, l’imam de Vladikavkaz Souleyman Mamiev partit pour la Turquie avec sa mère. Une fois libéré, Ermak Tegaev revint à Vladikavkaz et tenta de faire renaître le «djamaat» ossète, mais il disparut soudainement, dans des circonstances inexpliquées. Certains supposent qu’il a été tué par les forces spéciales.

A l’été 2004, le premier mufti de la DSMOS Dzankhot Khekilaev décéda. Un an plus tard, la DSMOS fut dirigée par Rouslan Valgassov, ancien collaborateur de la police routière. En Avril 2005, Mourat-khadji Tavkazakhov devint à son tour directeur de la DSMOS. De nombreux musulmans de la république le soupçonnaient de corruption et de détournement des diverses subventions musulmanes destinées au soutien de l’islam en Ossétie.

Ali-hadji Evteev, mufti d’Ossétie du Nord

En février 2008, Ali-hadji Evteev fut élu mufti de la DSMOS. Né à Moscou en 1974, d’un père russe et d’une mère ossète (du nom de Komaeva), il venait d’une famille musulmane qui déménagea tôt à Beslan, où il passa son enfance. A 22 ans, il se convertit à l’islam et à la fin des années 1990, il participa activement à la fondation de la «djamaat» ossète, et soutint Ermak Tegaev au poste d’émir. Plus tard, en 2000, déçu par Tegaev et par la «djamaat», Ali-khadji Evteev se rendit avec des Koumyks d’Ossétie du Nord au Caire, où il étudia 4 ans à l’université musulmane d’Al-Azar.

En 2004, il fit son petit pèlerinage en Arabie Saoudite, puis entra à l’université internationale islamique de Médine. Il garda toutefois des liens avec l’Ossétie du Nord ; il revenait d’ailleurs chez lui chaque année. En 2004, il devint l’adjoint du mufti de la république. Elu mufti alors qu’il étudiait à Médine, il prit son congé et rentra en Russie. Une fois sur place, il s’aperçut rapidement que les caisses de la DSMOS étaient vides ; tout était à refaire. Il se donna pour mission principale la réunification des musulmans d’Ossétie: des jeunes liés à la «djamaat» et des croyants plus âgés, partisans d’un islam traditionnel. Ali-khadji Evteev s’opposa à la lutte armée des musulmans au Nord Caucase, car elle ne respectait pas la charia qu’il se refusait d’aborder de manière littérale. De plus, le retour aux sources et la perception du monde musulman sur la base du Coran et de la Sunna devaient, selon lui, aider les musulmans d’Ossétie du Nord à s’insérer dans le monde actuel. En avril 2009, le Congrès des musulmans d’Ossétie du Nord confirma Ali-khadji Evteev à son poste de mufti de la république. C’était la première fois que des musulmans d’Ossétie du Sud, ceux-là mêmes qui actuellement cherchent à fonder une communauté musulmane dans leur région, participaient à ce congrès [5].

Le plus grand succès d’Ali Evteev fut certainement d’avoir pu éviter le schisme entre les générations d’Ossètes musulmans et d’avoir rapproché les communautés musulmanes d’Ossétie du Nord sous l’égide de la DSMOS. En outre, alors qu’il était mufti, les musulmans radicaux rebelles, dont le Kataib al-haoul, cessèrent leurs activités dans la république. Actuellement, les seuls groupes terroristes de la république d’Ossétie du Nord sont ingouches et viennent du vilayet ingouche de l’Emirat du Caucase.

Le 20 mai 2010, A. Evteev démissionna, suite à un scandale lié à une interview donnée le 31 mars 2010. A cette date, la journaliste Yana Amelina s’est entretenue avec A. Evteev, et publia leur entretien sur Internet [6]. Cette publication indigna une partie des musulmans d’Ossétie du Nord et tout le Nord Caucase. Accusé d’extrémisme, il lui fut reproché d’avoir étudié en Kabardino-Balkarie auprès de musulmans qui avaient par la suite choisi la voie de la clandestinité et de l’islam radical armé, d’avoir critiqué durement l’Eglise orthodoxe et justifié la polygamie [7]. Le 24 octobre 2010, la veille de son départ pour l’Arabie Saoudite, A. Evteev nous confia, à Vladikavkaz, qu’il ignorait que l’entretien tenu en mars était en fait une interview.

Le 14 juin suivant, le Conseil de la DSMOS élit à sa place Hadjimourat Gatsalov, ancien adjoint d’Evteev. Le 25 octobre, lors d’une rencontre à Vladikavkaz, M. Gatsalov nous apprit que la république comptait 24 communautés musulmanes. La majorité des musulmans était ossètes, soit environ 67.000 personnes. En outre, près de 25.000 Ingouches et 11.000 Koumyks vivent dans la république, et quelques milliers de Turcs Meskhètes se trouvent dans la région de Mozdok. Depuis peu, environ 2.000 Tchétchènes y résident également.

En dépit des troubles de ces dernières années, essentiellement liés au conflit non réglé entre Ossètes et Ingouches, la communauté musulmane d’Ossétie du Nord continue de croître, et la part des Nord Ossètes y est prépondérante.

*Directeur de recherches à l'Institut d'études orientales (Académie des sciences de la Russie) à Moscou.

(Texte traduit par Sophie Tournon)
 
Notes : 

 
[1] En arabe, djamaat signifie «communauté (musulmane)». Au Nord Caucase, ce terme s’utilise souvent pour désigner les groupes musulmans radicaux. Ces dernières années, plusieurs djamaat sont entrés en clandestinité, dans la lutte armée contre les forces fédérales et républicaines.
[2] Le 1er septembre 2004, l’école de Beslan n°1 fut prise par un groupe de combattants. 1.128 enfants et adultes furent pris en otages. Le 3 septembre, 334 personnes, dont 186 enfants, périrent lors de la libération de l’école.
[3] Voir «Histoire du village d’Elkhotovo. Les habitants ont décidé de chasser la mère d’un terroriste», GlobalRus.ru, 4 octobre 2004 (en russe), http://www.globalrus.ru/comments/138416.
Rouslan Gelaev (1964-2004), chef de guerre lors des conflits tchétchènes, occupa des postes importants dans les forces combattantes de la République tchétchène d’Itchkérie, où il fut général de division.
[4] «Da’oua», Vladikavkaz, février 2005. Lire aussi A. Politkovskaïa, Douloureuse Russie, journal d’une femme en colère, Buchet-Chastel, 2006.
[5] L’islam fait son apparition en Ossétie du Sud après le conflit d’août 2008. Il s’agit essentiellement de professionnels du bâtiment venus des républiques du Nord Caucase: Daghestan, Tchétchénie, Kabardino-Balkarie et Karatchaévo-Tcherkessie.
[6] http://files.mail.ru/58S8MV [7] Le 24 mai 2010, les spécialistes du Centre d’expertise du Sud, à Volgograd, ont préparé «un bilan d’enquêtes croisées psychologiques, politiques, religieuses et linguistiques (d’après les contrôles pour l’instruction n°113)» dans lequel il a été souligné que «les sources étudiées (l’interview d’Evteev par Yana Amelina), ne contenaient pas d’appel à la haine envers les autres nations, confessions, etc. Le texte de l’interview affirme l’idée de l’unité entre les religions, de l’ouverture des religions et n’appelle pas à la haine entre les religions.» (archives personnelles).
 

Source: http://www.caucaz.com/home/breve_contenu.php?id=613&PHPSESSID=b5510398707d121a4cc3aca698f8eb81