mardi 3 novembre 2009

Un soufi réformiste, le shaykh Muhammad Hasanayn Makhlûf (1861-1936) (5sur8)


Des écrits apologétiques


La liste des écrits (au nombre de 37) de M. H. Makhlûf témoigne de la formation éclectique que recevaient les 'ulamâ' de son époque. M. H. Makhlûf est l'auteur de nombreux textes, sous forme d'épîtres, de commentaires ou de gloses, dans diverses disciplines des sciences traditionnelles (al-'ulûm al-naqliyya) et des sciences de l'esprit (al-'idûm al-'aqliyya). Il se présente comme un spécialiste de jurisprudence, d'exégèse coranique et d'adab. Sept titres portent sur le soufisme ou sur des pratiques religieuses qui lui sont liées comme le culte des saints. Ils se divisent en deux catégories : les ouvrages destinés au cercle fermé des disciples et ceux destinés à un public plus large. Les premiers ne se trouvent pas dans les bibliothèques, ils circulent à l'intérieur de la confrérie et se résument à trois titres : une édition des oraisons et litanies (awrâd) propres à la voie (tarîqd) Khalwatiyya, demandée par son maître Ahmad Sharqâwî (Makhlûf, 1963) ; les commentaires de ce dernier sous la forme de deux ouvrages, le premier portant sur la théologie (Sharqâwî, 1889a), et le second sur les techniques du dhikr (Sharqâwî, 1889b). Les quatre autres écrits, rédigés pour un public plus large, sont surtout axés sur la défense du soufisme : ils sont édités et se trouvent tous à la Bibliothèque nationale, certains classés dans le domaine du fiqh. L'auteur, en effet, y expose les fondements juridiques de pratiques religieuses largement développées par les soufis comme la visite des saints et la recherche de leur intercession. Ces écrits sont souvent pauvres car apologétiques, les questions purement doctrinales sont occultées ; mais ils témoignent de la réaction des soufis lettrés aux profonds changements qui se sont produits au sein du soufisme égyptien au XXe siècle. Dans sa volonté de redonner sa place au soufisme véritable, M. H. Makhlûf cherche d'abord à « l'innocenter » des pratiques introduites par ceux qu'il nomme les pseudo-soufis (ad'iyâ'al-tarîq) : à ces yeux, ce sont eux qui ont contribué à jeter le discrédit sur le soufisme.


Son système de défense du soufisme a été analysé à partir de son épître sur l'intercession des prophètes et des saints, déjà citée, et de son ouvrage intitulé Paroles fermes contre les imposteurs et faux-soufis paru en 1926 (Makhlûf, 1926). Dans ce dernier ouvrage, il répond à des questions qui lui avaient été posées bien des années auparavant, en 1894, par des 'ulamâ'.

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