mercredi 5 janvier 2011

Le Repentir

Le Repentir

Par Shaykh 'Abd Al Qadir 'Isa 




Le repentir, c’est délaisser ce que la Shari’a réprouve pour ce qu’elle encourage. C’est le début de la voie pour les cheminants (salikin), la clé du bonheur pour les aspirants (muridin), et une condition qui rend authentique le voyage vers Allah éxalté soit-Il.


Allah exalté soit-il exhorte Ses serviteurs au repentir dans de nombreux versets. Allah éxalté soit-Il dit :


Par-dessus tout, repentez-vous en vers Dieu, vous tous les croyants, dans l’espoir d’être des triomphants. (24 : 31)


Ô vous qui croyez, implorez le pardon de votre Seigneur. Mieux encore, revenez à Lui par le repentir. Mon Seigneur est Miséricordieux, Tout amour. (11 :90)


Ô vous qui croyez, repentez-vous en Dieu d’un repentir sincère. (66 : 8)


Le Messager (saws), l’impeccable (saws), renouvelait souvent son repentir en demandant pardon à Allah éxalté soit-Il, de façon à éduquer la Umma et établir la Sunna. Al Aghar Ibn Yasar Al Muzni (ra) rapporte que le Prophète  (saws)  dit : « Ô humains, repentez-vous devant Allah et demandez-lui pardon, certes, je me repens cent fois par jour. » Imam Nawawi (r) dit :


Le repentir est nécessaire à chaque mauvaise action. S’il concerne une désobéissance qui ne concerne qu’Allah exalté et Son serviteur, trois conditions doivent être réunies : le serviteur doit arrêter sa désobéissance, la regretter, et se résoudre à ne plus la commettre à nouveau. Si la désobéissance concerne également une tierce personne, le repentir requiert alors trois conditions : les trois mentionnées ci-dessus, ainsi que de dédommager la personne lésée. Si ce dédommagement est un bien financier ou quelque chose de similaire, il doit lui être rendu. Si la personne lésée à été attaquée verbalement ou physiquement, le serviteur d’Allah éxalté soit-Il doit se soumettre au droit que la personne a sur lui, ou lui présenter ses excuses. Si le péché est un acte de médisance (ghaybah), le serviteur doit demander pardon à la personne. Il doit se détourner de toutes les mauvaises actions.


Parmi les conditions du repentir, il y a l’abandon de la fréquentation des gens qui encouragent le mal et réprouvent l’obéissance à Allah  éxalté soit-Il, et le ralliement aux bons et aux vertueux, ce qui va permettre de ne plus revenir vers ses mauvaises habitudes.


Le Soufi ne regarde pas la petitesse de son péché, mais la grandeur de son Seigneur, comme le faisaient les compagnons du Messager. Anas Ibn Malik (ra) dit « De nos jours vous pouvez faire une action qui vous parait aussi insignifiante qu’un cheveux, tandis que nous la considérions énorme à l’époque du Prophète  (saws). » Abu ‘Abd Allah (ra) dit : « l’action dont il parle englobe tout ce qui mène à la destruction. »


Le Soufi ne se repent pas seulement de sa désobéissance extérieure, qui représente à ses yeux le repentir du commun des gens, mais également de tout ce qui distrait son cœur d’Allah. Lorsque Dhu al-Nun Al Misri (ra) fut interrogé à propos du repentir dit : « le repentir du commun concerne les actes de désobéissance tandis que celui de l’élite concerne l’insouciance. »


‘AbdAllah Al-Tamimi (ra) dit : « Il existe de nombreuses entre les repentants : certains se repentent de leurs mauvaises actions, d’autres se repentent de leur insouciance, il y en a même qui se repentent de se voir faire des bonnes et d’être obéissant. »


Sache que lorsque le Soufi corrige sa connaissance d’Allah éxalté soit-Il et augmente ses bonnes œuvres, son repentir devient se perfectionne. Aucune souillure ne peut se passer inaperçu devant le cœur de celui qui a été purifié de la saleté du péché et en lequel brille les lumières de la foi (iman). Il ne se sentira pas à l’aise lorsqu’il commettra une erreur, et se repentira immédiatement devant la honte qu’il en ressent, conscient qu’Allah éxalté soit-Il l’observe. Le Soufi doit augmenter ses demandes de pardon nuit et jour, pour de ressentir son état de serviteur et sa difficulté à honorer le droit de son Seigneur. Il reconnait sa servitude (‘ubudiya) et confirme le pouvoir Seigneurial (rububiya). Allah éxalté soit-Il a dit :


Alors que les prémunis, dans des jardins, parmi des sources se saisissent des dons de leur Seigneur : certes, ils étaient naguère des bel-agissants, rien qu’un peu de la nuit ils s’assoupissaient, dés avant l’aube, leur pardon, imploraient. (51 : 15-18)


Lorsque le Soufi lit ces versets et d’autres semblables, il verse des larmes de regret quant aux erreurs qu’il a commis et sa négligence dans sa relation avec Allah éxalté soit-Il. Il en prend conscience, se réforme avant qu’il ne soit trop tard. Puis, il se tourne vers son âme (nafs) et la purifie, tout en augmentant ses actes d’obéissance et de bonté, comme l’a dit le Prophète (saws):
« Effectuer des actes d’obéissance (hasanah) après avoir péché (sayyi’ah) efface les mauvaises actions. »


Shaykh Ahmad Zarruq dit dans un de ses livres :


La réalité de la prétention de celui qui se pose comme guide est connue par son état concret. Si ce prétendant reflète ce qu’il enseigne, ceci est correcte ; sinon c’est un menteur.
Un repentir qui n’est pas suivi par la crainte (taqwa) n’est pas accepté. Une crainte qui n’empêche pas de faire des péchés (par manque d’istiqama) est imparfaite. La droiture (istiqama) qui n’est pas accompagnée de scrupule (wara’) est incomplète. Un scrupule qui n’est pas le fruit d’une ascèse (zuhd) est limité. Une ascèse qui n’est pas bâtie sur la confiance en Allah  éxalté soit-Il (tawakkul) est sèche et sans vie. Une confiance en Allah éxalté soit-Il dont les résultats ne se manifestent pas par la coupure de tout ce qui ne mène pas à Allah éxalté soit-Il  n’est qu’une illusion sans réalité.
Le véritable repentir se manifeste donc chez le serviteur par sa capacité à se détourner de l’interdit (haram), la crainte (taqwa) parfaite par la conscience qu’il y a d’observateur qu’Allah éxalté soit-Il, la droiture par la précaution que prends le serviteur à accomplir ses oraisons (wird) sans innovation (bid’a), et le scrupule lorsque le serviteur éprouve un désir insoutenable pour quelque chose d’illicite et se retient.


Jazakallah khayr au frère Dahmane.

Source: http://www.aslama.com/forums/showthread.php?33268-Le-repentir-Shaykh-Abd-Al-Qadir-Isa&p=217056#post217056

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