jeudi 29 novembre 2007

LE SOUFISME ET LES CONFRÉRIES DANS L’INDE CONTEMPORAINE

Salam alaikoum ;

apres l'Islam en Chine , insha'Allah , une série d'articles interessants sur le soufisme contemporain en Inde ...

Par Marc Gaborieau , École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris .


1. LES CONFRÉRIES DANS L’HISTOIRE

1.1. L’Inde, l’islam et le soufisme.

L’islamisation de l’Inde s’est faite en suivant deux mouvements de périodicité différente (Gaborieau
1995a). D’un côté un lent enveloppement généralement pacifique par les côtes qui, des origines de l’islam à
nos jours, a amené l’installation de colonies de marchands arabes et iraniens. De l’autre côté un mouvement
de conquête par des dynasties turco-afghanes iranisées liées à l’Asie centrale: commencé au début du XIe
siècle par les Ghaznévides dans le territoire de l’actuel Pakistan, il a établi une hégémonie musulmane sur le
sous-continent à partir du début du XIIIe avec le Sultanat de Delhi prolongé par les sultanats régionaux du
XIVe au XVIe; la puissance musulmane atteignit son apogée au XVIe et XVIIe siècles avec l’empire moghol
avant de laisser la place à des États successeurs souvent fondés eux aussi par des dynasties iraniennes, centre
asiatiques ou afghanes. L’introduction du soufisme est liée, mais de façon inégale, à ces deux mouvements. Le
poids des confréries originaires d’Asie centrale est bien plus important que celui des confréries arabes et
iraniennes; l’histoire documentée du soufisme indien ne commence qu’au XIIIe siècle avec le Sultanat de
Delhi (Kumar 1992).
On trouvera aisément ailleurs un inventaire exhaustif des confréries indiennes (Rizvi 1978 & 1983;
Schimmel 1980; Jackson 1988; Nizami 2000) ou des études régionales (Haq 1975; Siddiqi 1989; Bayly 1989;
Ernst 1992; Eaton 1978, 1993 et 2000) ainsi que des réflexions historiographiques sur la façon dont elles sont
été étudiées depuis le début du XIXe siècle (Ernst 1992: 5-93 et 2000; Gaborieau 2000). Je me contenterai ici
d’un bref panorama qui suit une classification bâtie depuis longtemps (Gaborieau 1986 et 1996b).
Quatre grandes confréries que j’appelle “majeures” occupent une place à part par le nombre de leurs
adhérents dans tout le sous-continent et leur rôle dans l’histoire de l’Inde: la Suhrawardiyya et la Chishtiyya
(Lawrence 1978 et 1992) massivement présentes dès le début du XIIIe, la Qâdiriyya (Buehler 2000) qui
n’acquit du poids qu’à partir du XVe siècle, et la Naqshbandiyya qui arriva avec les Moghols au XVIe siècle
(Buehler 1998: 55-81).
J’appelle “mineures” les autres confréries qui ont moins d’adhérents et sont plus localisées. Les
indiens modernes les répartissent généralement en deux catégories, les “orthodoxes” et les “hétérodoxes” (on
verra verra dans la seconde partie, §2.2, le sens qu’il convient de donner à ces termes). Parmi les orthodoxes,
deux (qui sont à nouveau originaires d’Asie centrale) sont relativement connues. La première est la
Kubrawiyya, installée au Kashmir avec Sayyid `Ali Hamadânî (1314-1385), et (sous le nom de Firdausiyya et
alliée à la Suhrawardiyya) au Bihar dans la moyenne vallée du Gange; dans cette dernière région fleurit
Sharafu’d-Dîn Manerî (Jackson 1987) dont les “Cent lettres” (Maktûbât-i Sadî) sont un des grands classiques
du soufisme indien (Jackson 1987); c’est aussi la Kubrawiyya qui, avec Ashraf Jahângîr Simnânî (m.1425),
popularisa l’usage des oeuvres d’Ibn `Arabî qui, avec celles de Jalâlu’d-Dîn Rûmî, alimentèrent les
discussions et les controverses dans le sous-continent jusqu’à nos jours. La seconde confrérie mineure
orthodoxe d’importance est la Shattâriyya (Eaton 1993: 77-82; Gaborieau 1996c; Ernst 1999), réputée experte
en sciences occultes, dont le manuel de dévotions en persan, “Les cinq gemmes” (Jawâhir-i khamsa) de
Muhammad Ghauth Gwalyârî (1502-1563), réputé grand grimoire de magie, est très largement imprimé non
seulement en Inde en traduction ourdoue, mais aussi en traduction arabe juqu’en Egypte et au Maroc
(Gaborieau 1993a; Ernst 1999). D’autres confréries mineures orthodoxes, qui sont liées au commerce
maritime, comme la Kâzerûniyya, la Maghribiyya et la Ni`matullâhiyya, et plus récemment la `Aidarusiyya,
sont plus confidentielles. Les ordres hétérodoxes (Gaborieau 1998) comportent au Nord une confrérie venue
d’Asie centrale, la Qalandariyya (Digby 1984), et une autre de création locale, la Madâriyya (Gaborieau 1977:
121-127); sur la côte occidentale et au Sud est attestée la présence des Sidi, descendants des anciens esclaves
noirs; et depuis cette province jusqu’à Sri Lanka on remarque la présence insistante et spectaculaire des Rifâ`î
célèbres pour les séances fakiriques où ils se transpercent le corps (McGilvray 1988).

1.2. Sultans et soufis

Ce sont surtout les ordres majeurs qui ont fait parler d’eux dans l’histoire à cause de leurs liens avec
les souverains et les puissants.

1.2.1. Suhrawardiyya et Qâdiriyya, confréries aristocratiques. La Suhrawardiyya, confrérie
prestigieuse réputée très orthodoxe venue Baghdad, qui était alors le coeur du monde islamique, apparaît dès le
début au premier plan dans l’entourage des sultans de Delhi, acceptant les charges et les honneurs. Les
Suhrawardî jouèrent aussi un rôle de modèle pour l’organisation du soufisme indien: ils apportaient de
Baghdad la tradition de la vie régulière des soufis dans un hospice, et un manuel en arabe du fondateur de
l’ordre, Shihâbu’d-Dîn `Umar Suhrawardî (m.1234), qui en consignait les règles, les `Awârif al-Ma`ârif qui
resta la référence en la matière pour les soufis de l’Inde, tous ordres confondus (suhrawardy 1891), en
particulier chez leurs grands rivaux, les Chishtis qui en faisaient une lecture et un commentaire réguliers dans
leurs hospices (Matringe 2001). La Suhrawardiyya passa ensuite au second plan comme confrérie
aristocratique; la Qâdiriyya, qui eut au XVIIe siècle la faveur des sultans du Deccan (Eaton 1978: 107-124) et
des Moghols (Lawrence 1993), passe aujourd’hui plus la confrérie la plus répandue. La Suhrawardiyya reste
néanmoins dans l’histoire comme la grande matrice du soufisme indien; ce n’est pas elle cependant qui eut le
plus constamment les faveurs des grandes dynasties de l’Inde.

1.2.2. Le destin paradoxal de la Chishtiyya. Ce rôle échut à une autre confrérie improbable, la
Chishtiyya. Rien ne l’y prédestinait au premier abord: issus des milieux de derviches errants de l’Asie centrale
proches de Qalandars (Zarcone 1994 et 2000), très amateurs demusique mystique (Lawrence 1983), arrivés à
la suite des conquérants à partir du village de Chisht (proche de Herat) d’où ils tirent leur appellation, les
membres de cette confrérie affectaient de mépriser les princes et les rois et de fuir leur compagnie pour rester
hors du monde. Mais cette feinte humilité cachait une conviction de leur propre supériorité et de leurs
pouvoirs, car dans la vision du monde médiévale, le contrôle du territoire (wilâya, apparenté à walâya, la
sainteté) appartient aux saints, et les sultans ne l’exercent que par la délégation qu’ils ont reçue de ces derniers
(Digby 1986: 62-63); en retour les sultans ne peuvent que craindre et reconnaître les pouvoirs des saints dont
ils ont besoin pour asseoir leur règne (Digby 1990). C’est ainsi que ces derviches charismatiques et
redoutables qu’étaient les premiers Chishtis en vinrent progressivement à être considérés comme les saints
protecteurs d’abord du Sultanat de Delhi, puis de l’hégémonie islamique sur Inde entière.
Cette reconnaissance ne fit pas d’un coup; elle se cristallisa selon un processus tortueux qui n’a rien à
voir avec la chronologie linéaire rétablie ensuite par l’hagiographie. En fait le processus ne commença
réellement qu’au début du XIVe siècle, quand le sultanat de Delhi arrivait à son apogée avec les dynasties
Khaljî et Tughluk, autour du personnage de Nizâmu’d-Dîn Auliyâ (1243-1325), le quatrième grand saint
indien de la confrérie: tout en feignant d’ignorer les sultans, il attirait les hauts dignitaires et les lettrés (dont le
grand poète Amîr Khusrau, 1253-1325) dans son hospice qui devint un des creusets de la culture indopersane;
et c’est de là qu’il surveilla l’édition en persan du recueil de ses ‘Dits’ (malfûzât) qui constitue le
premier monument et le modèle de la littérature soufie de l’Inde (Nizâm ad-Dîn Awliyâ 1992). A partir de lui
Delhi (Frykenberg 1986) devint définitivement le symbole de la domination musulmane en Inde; et le quartier
qui abrite sa tombe et qui porte encore aujourd’hui son nom, Nizamuddin, devint une des nécropoles des
grandes dynasties de l’Inde. La synthèse établie à Delhi s’exporta ailleurs en Inde, notamment au Deccan dans
les villes de Gulbarga et Bijapur (Eaton 1978) autour du sixième grand saint de la Chishtiyya, Gesûdarâz
(m.1422, Gulbarga). La faveur des Chishtis connut une nouvelle apogée sous les Moghols. Les premiers
souverains de cette dynastie encore mal établie avaient tâtonné: Bâbur (1526-1530) resta sous la protection de
la Naqshbandiyya qu’il avait amenée d’Asie centrale; Humâyûn (1530-1556) chercha à utiliser, sans grand
succès, les pouvoirs magiques de la Shattâriyya. Mais quand Akbar (1556-1605), le véritable organisateur de
l’empire moghol, décida d’asseoir définitivement son pouvoir, il renoua avec la tradition du Sultanat de Delhi
et prit appui sur la Chishtiyya (Richards 1978; Streusand 1989): la tombe de son père Humâyûn, le premier
monument moghol de l’Inde, est près de celle de Nizâmu’d-Dîn; il établit sa seconde capitale, Fatehpur Sikri,
autour de la tombe d’une autre saint de la même confrérie, Salîm Chishti, par l’intercession duquel il avait eu
un fils pour perpétuer la dynastie; mais surtout, il tira d’un quasi-oubli et dota richement la tombe du premier
grand saint de la Chishtiyya sur le sol indien, Mu`înu’d-Dîn (m. c. 1235) qui s’était établi à Ajmer, alors ville
frontière du Sultanat de Delhi; Akbar en fit le saint patron non seulement de sa dynastie, mais de l’Inde
musulmane en général… avant finalement de sacraliser son propre pouvoir en prenant lui-même les attributs
d’un maître soufi, ce que les historiens coloniaux ont interprété à tort comme l’invention d’une nouvelle
religion (Gaborieau 1992). Après la désintégration de l’empire, les derniers Moghols cantonnés à Delhi et
dans sa région non seulement embellissent la tombe de Nizâmu’d-Dîn, mais font revivre celle passablement
oubliée du second Chishti indien, qui fut aussi le premier à s’établir à Delhi, Qutbu’d-Dîn (m. 1235) que les
textes soufis écrits au XVIIIe et du XIXe siècle considèrent désormais comme le grand saint de la confrérie.
Au terme de cette histoire compliquée la Chishtiyaa émerge clairement comme la grande confrérie tutélaire de
l’islam indien, les autres n’ayant eu de proéminence qu’épisodique.

1.2.3. L’influence contestée de la Naqshbandiyya. Pourtant l’historiographie récente lui prête une
rivale à partir du XVIIe siècle, la Naqshbandiyya, qui aurait eu alors un rôle plus important que celui de la
Qâdiriyya que nous avons évoquée plus haut. Cette confrérie centre-asiatique fondée à Boukhara à la fin du
XIVe siècle (Gaborieau, Popovic & Zarcone 1990) étend plusieurs rameaux en Inde à partir de la conquête
moghole, au Nord (Damrel 1991) et au Sud (Digby 2001). Elle devint surtout célèbre par une branche
indienne réformée, la Mujaddidiyya fondée au tournant du XVIe et du XVII siècle par Ahmad Sirhindi (1564-
1624) qui posa comme le rénovateur (mujaddid) du second millénaire de l’islam qui avait commencé en 1591
(Ter Haar 1992). Il exprima sa doctrine dans un recueil de “lettres” en persan, les Maktûbât, qui sont le livre
soufi indien le plus diffusé dans le monde musulman; il a été traduit en arabe et en turc. Les idéologues de ce
siècle, dans le cadre du combat nationaliste, s’appuyant sur une hagiographie de basse époque, en ont fait un
héros de l’orthodoxie qui aurait ramené les dirigeants musulmans à une pratique religieuse authentique après
les errements supposés de l’époque d’Akbar. Il aurait converti à ses vues l’empereur Jahângîr (1605-1627) et
commencé le lent processus qui sous ses fils amena l’empereur Aurangzeb (1658-1707) à un austère
alignement du gouvernement moghole avec la Loi islamique. La pure orthodoxie naqshbandie aurait alors
définitivement supplanté l’hétérodoxie implicite de la Chishtiyya. C’est ce qu’il est convenu d’appeler la
“réaction naqshbandie”. Les recherches récentes dans les documents originaux montre que cette théorie n’est
pas prouvée par les sources (Friedmann 1971), ni même acceptée par les Naqshbandis contemporains au fait
de leur propre tradition (Gaborieau 1990). Il est même erroné d’opposer la Chishtiyya et la Naqshbandiyya
Mujaddidiyya sur le plan de l’orthodoxie: le fondateur de cette dernière, Ahmad Sirhindi, avait d’abord été
formé dans la Chishtiyya; et celles de ses idées qu’on attribue à son initiation naqshbandie, comme sa
demande d’exclure les hindous de toute position de pouvoir, ont des précédents dans la tradition chishtie,
notamment chez `Abdu’l-Quddûs Gangôhî (1456-1537, voir Digby 1975) comme l’a montré une publication
récente (Damrel 2000).
Au terme de ce périple dans l’histoire il apparaît que la grande confrérie politique du sous-continent
est la Chishtiyya. Fondée par des derviches errants elle paraissait mal armée pour résister à des confréries plus
prestigieuses et plus policées comme la Suhrawardiyya, la Qâdiriyya et la Naqshbandiyya. Et pourtant elle l’a
emporté. Nous avons mis en avant une première explication, celle du charisme de ses adeptes. Nous verrons
plus loin qu’il y a sans doute une explication additionnelle dans ses affinités avec la culture et la société
indienne, notamment a travers la musique et la poésie soufie.

1. 3. Le soufis dans la politique moderne.

Avec la colonisation qui a déposé en 1857 le dernier empereurs moghol, il n’y a plus de sultanat de
droit divin. Mais l’autorité des soufis est toujours recherchée par les gouvernants musulmans du Pakistan —
Bhutto puisait beaucoup à cette source — et du Bangladesh — dont les dirigeants affectionnent le pèlerinage à
Nizamuddin et à Ajmer. Les leaders hindous de l’Inde ne sont pas de reste: Indira Gandhi allait
ostensiblement à Ajmer non seulement pour capter le vote musulman qui a toujours été important pour son
parti politique, le Congrès, mais pour légitimer son pouvoir; même l’actuel Premier Ministre de l’Inde,
Vajpayee, pourtant hostile aux musulmans, a jugé politique d’aller à Ajmer. La tradition n’est pas morte, et la
Chishtiyya reste la grande confrérie.
Mais les saints ne sont plus seulement garants de la légitimité du souverain. Ils sont convoqués dans
le jeu politique compétitif des systèmes électifs progressivement mis en place sous la colonisation. Richard
Burton disait au siècle dernier, à propos de la province du Sind (actuel Pakistan), que le soufisme était “une
machine puissante” au service de la politique. Cette vue s’est confirmée sous la colonisation et depuis
l’indépendance: les maîtres soufis appelés pîr ont été mobilisés par exemple au service du colonisateur dans le
Sind (Ansari 1992); les réseaux soufis furent aussi mis au service de leaders nationalistes comme ‘Abdu’l-Bârî
(m.1926) de Lucknow qui lança avec Gandhi la première grande agitation nationaliste en 1919; entre 1945 et
1947 Jinnah, mobilisa les Pîr du Panjab pour la cause du Pakistan (Gilmartin 1988).
Si le soufisme reste donc un grand ressort dans la vie politique, c’est non seulement à cause de son
héritage historique, mais aussi parce qu’il est très profondément implanté dans la société musulmane,
deuxième volet de notre étude vers lequel nous nous tournons maintenant.

à suivre ...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

salamu'alaykum sidi habib
peux-tu s'il te plait me contacter à mon messenger :
mew-z@hotmail.fr
barrakallahu fik à bientôt

Anonyme a dit…

Bonjour
Je suis encore une fois très touchée de lire autant de choses intéressante sur l'Inde.
Je suis allée 11 fois en Inde en trois ans et durant les deux derniers voyages j'ai essayé de rencontrer les musulmans et les soufis et cela n'a pas été facile. J'ai quand même pu entrer dans une mosquée soufie (dont le cerceuil du Saint de la confrérie gardait l'entrée) et j'ai pu prier avec eux, mais certains, surtout les jeunes furent choqués de voir une femme, une étrangère, se permettre de participer à leur prière,en plus en période de ramadan, et me chassèrent, ce sont les vieux sages qui m'ont protégée et qui ont imposé ma présence aux jeunes en disant que c'était un honneur que quelqu'un s'intéresse à eux..etc.... Cela se passait à Calcutta à la sorite des bidon-villes de la ville où j'avais été passer trois jours pout aider les enfants avec les soeurs de Ste Thérésa..Enfin j'arrête la car je suis intarissable sur mes aventures en Inde...Juste après ces soufis, j'ai rencontré les Bauls, et j'ai vécu avec eux, les Bauls sont des sortes de "saltimbanques" qui ont fait la synthèse entre la religion hindoue et musulmane...puisque l'âme dépasse tout cela..je vous mets l'article que j'ai fait à l'époque...c'est des gens si beaux dans les deux sens du terme...J'ai plus de trois milles photos de l'Inde...tellement belle.
Yasmina