lundi 26 novembre 2007

MARIE (Que Dieu la salue)


Marie, Maryam en langue arabe, -seul prénom féminin explicitement désigné dans le Coran- est choisie entre toutes les femmes de l'univers (III,42-44). Selon la Tradition, Muhammad (saws) a dit : « La Dame (syyida) des femmes des mondes, c'est Maryam..» (1)
Le symbole de la virginité de Marie est renforcé en ce qu'elle donne la généalogie à Jésus, selon l'expression récurrente de « fils de Marie », alors que selon la coutume sémitique, un fils se réfère toujours à son père. L'immaculée conception fut donc proclamée un millénaire avant que le dogme ne soit proclamé dans l'Eglise (en 1854).

La XIXe sourate s'intitule « Maryam »

« Mentionne Marie, dans le Livre. Elle quitta sa famille et se retira en un lieu vers l'Orient.

Elle plaça un voile entre elle et les siens. Nous lui avons envoyé notre Esprit : il se présentât devant elle sous la forme d'un homme parfait.

Elle dit : « Je cherche une protection contre toi, auprès du Miséricordieux ; si, toute fois, tu crains Dieu ! »

Il dit : « je ne suis que l'envoyé de ton Seigneur pour te donner un garçon pur »

Elle dit : « C'est ainsi : Ton Seigneur a dit : Cela m'est facile. Nous ferons de lui un signe pour les hommes ; une miséricorde venue de nous. Le décret est irrévocable » (XIX, 16-21)

« Elle devint enceinte de l'enfant puis elle se retira avec lui dans un lieu éloigné. Les douleurs la surprirent auprès du tronc du palmier. Elle dit : « Malheur à moi ! Que ne suis-je déjà morte, totalement oubliée ! »

« L'enfant qui se trouvait à ses pieds l'appela : « Ne t'attriste pas ! Ton Seigneur a fait jaillir un ruisseau à tes pieds. Secoue vers toi le tronc du palmier ; il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres. Mange, bois et cesse de pleurer. Lorsque tu verras quelque mortel, dis : « j'ai voué un jeûne au Miséricordieux ; je ne parlerai à personne aujourd'hui »

Elle se rendit auprès des siens en portant l'enfant. Ils dirent : « O Marie ! Tu as fait quelque chose de monstrueux ! O sœur d'Aaron ! (3) Ton père n'était pas un homme mauvais ta mère n'était pas une prostituée »

L'éloignement de Marie est l'exode nécessaire impulsé par Dieu à ses élus en tant que modèles de servitude parfaite. Il en a été ainsi pour Agar, servante de Sarah, épouse d'Abraham et mère du peuple arabe qui sera finalement secourue par l'Ange. C'est le cas aussi du Prophète (saws) qui pendant sa retraite sera visité par l'Ange. C'est dans ce dénuement qu'à l'Orient, symbole de Lumière, a lieu l'apparition de l'ange Gabriel appelé à transmette la parole et l'esprit divins. C'est Rûhunâ, l'Esprit de Dieu. Et c'est lui qui est insufflé à la Vierge Marie par l'ange manifesté sous la forme d'un homme parfait comme seul un réceptacle immaculé et cristallin est digne de le recevoir. Marie la pure craint Dieu, elle prononce « a'udhu birRahmâni » (je me réfugie auprès du Miséricordieux) : elle prend protection contre le danger d'une intention qui serait entachée : moyen purificateur nécessaire avant de pouvoir exprimer la parole divine (C'est dans cet esprit et non par hasard que tout musulman est tenu de prononcer la parole de protection avant toute lecture du Livre Saint.)
Mais on n'enfante pas sans douleurs : recevoir la grâce ne se fait pas sans mourir à une vie nouvelle. Telle l'eau du ruisseau qui jaillit du lieu le plus bas, à ses pieds, la vraie connaissance ne s'obtient qu'avec humilité : elle en reçoit les fruits dans l'injonction de manger et de boire. Par son jeûne, elle se rend totalement réceptive. La Présence du Verbe divin impose le silence « je ne parlerai aujourd'hui à aucun être humain ». Quand son peuple lui reproche sa maternité, elle désigne l'enfant sans mot dire. Lui seul, en tant que Verbe, a le pouvoir de témoigner.



Marie, femme parfaite, idéal féminin de perfection, aspect féminin de la Présence divine est la Mère, matrice de la Sagesse. Elle symbolise l'âme du contemplatif qui réalise la naissance universelle du Verbe en son cœur. Pour en être le réceptacle, il faut être vierge et pure ou encore pauvre et vide.

L'âme purifiée est comparée par Rûmi -et par d'autres- à la Vierge Marie -Que Dieu la salue-
« Lorsque la parole de Dieu pénètre dans le cœur de quelqu'un et que l'inspiration divine emplit son cœur et son âme, sa nature est telle qu'alors est produit en lui un enfant spirituel ayant le souffle de Jésus qui ressuscite les morts. L'appel de Dieu, qu'il soit voilé ou non, octroie ce qu'il a octroyé à Maryam » . Le cœur pur reflète la beauté et la perfection divine.



Le « miracle mémorable » de Jésus et de sa mère est une extériorisation de certains aspects intérieurs de la Tradition Abrahamique, preuve du « Trésor ». Cet aspect prophétique axé sur l'esprit de sainteté, a un lien direct avec le retour de Jésus ; il est une préfiguration du « retournement » qui marquera le triomphe de la Lumière sur les Ténèbres. « … Dieu parachèvera Sa Lumière quelque soit le dépit des dénégateurs » (Coran).
L'Islam, esprit de Vérité, est l'Arche qui en conserve la quintessence.
____________________________
(1) la suite de la phrase est : « … puis Fâtima (une des filles du Prophète), Khadîja (femme du Prophète), Asiya (femme de Pharaon)
(2) On trouve ici la marque de la liberté divine qui fond la personne de la vierge Marie avec maryam, sœur d'Aaron : point de vue synthétique ne retenant que l'hérédité spirituelle puisque qu'elle que soient les réceptacles, la Lumière est unique. C'est d'ailleurs l'habitude qu'avaient les juifs de se donner les noms des prophètes et des hommes pieux. Sœur d'Aaron n'est pas sœur de père et de mère. Il faut bien là répondre aux critiques formulées contre l'Islam : le Coran mentirait en affirmant que Aaron serait le frère de Marie, que Marie serait donc la sœur de Moïse dont le père s'appelait Imran. Le Prophète savait pertinemment que des siècles les séparaient ! Al-Mughîra ibn Shu'ba raconte : “Le Prophète (sur lui la paix) m'envoya à Nadjran [Yémen]. Là-bas on me dit : “Vous récitez ce passage : “O Sœur de Aaron” [Coran 19/28] ; pourtant, entre l'époque de Moïse et celle de Jésus il y a eu le temps que chacun connaît !” Je n'ai pas su quoi leur répondre. Lorsque je rentrai (à Médine), je questionnai le Prophète à ce sujet. Il me dit : “Tu les aurais informés qu'ils se donnaient comme noms ceux des prophètes et des pieux ayant vécu avant eux.”" (rapporté par Muslim, n° 2135, At-Tirmidhî, n° 3155, Ahmad, n° 17491).
Ce nom « Aaron », en hébreu, désigne un coffre, c'est à dire l'arche. Aaron est donc une personnification de l'Arche d'alliance ; la filiation de Marie à la famille d'Aaron les relie à la même lignée spirituelle.

Source : http://aminour.unblog.fr/tag/a-propos-les-envoyes/aissa-jesus-et-maryam-marie/

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonsoir Habib Matthieu,
Je suis passée lire ce magnifique texte mais je reviendrai le lire à tête reposée et à coeur calmé car là je ressens trop d'émotion devant tant de beauté et pureté.
Vous êtes gentil de venir mes lire mes petites histoires sur couleur d'aurore alors que vous écrivez La Grande Histoire sur votre blog.
Merci en tout cas pour votre indulgence.
Yasmina