vendredi 18 septembre 2009

Un soufi réformiste, le shaykh Muhammad Hasanayn Makhlûf (1861-1936)(3sur8)


Un soufi réformiste, le shaykh Muhammad Hasanayn Makhlûf (1861-1936)(3sur8)

Un azharien réformateur



Les biographes soulignent le zèle avec lequel M. H. Makhlûf encouragea les tentatives de réformes à al-Azhar tout au long d'une carrière où il occupa, dans cette institution, des postes importants. Il fut le premier responsable de la bibliothèque d'al-Azhar après sa création, ainsi que le premier à occuper la fonction d'inspecteur général (mufattish), puis de directeur des instituts religieux dépendants d'al-Azhar. Il fut membre du conseil d'administration de la mosquée-université, à l'époque où l'imâm Muhammad Abduh en faisait aussi partie. Ce dernier essaya d'y obtenir un minimum de réformes : il prit une part active à la réorganisation de l'université et s'efforça de réformer l'enseignement religieux (Jomier, 1954 : 13)1. Mais ce n'est qu'au lendemain de la mort de M. 'Abduh que furent réalisées les réformes les plus profondes.


Au cours de son rectorat à la mosquée-collège al-Ahmadî de Tantâ, M. H. Makhlûf essaya d'améliorer la situation matérielle des enseignants. Il commença par faire construire un nouveau bâtiment près de la gare ; les cours n'y furent plus dispensés selon le système traditionnel où les étudiants étaient assis en cercle (halqa) autour du shaykh, mais se firent désormais devant un auditoire assis derrière des bureaux. Désireux de voir les 'ulamâ' d'al-Azhar participer aux débats littéraires, il demanda la création d'une institution au sein de laquelle ils pourraient librement s'exprimer et diffuser leurs écrits. L'université créa en outre un comité scientifique présidé par M. H. Makhlûf et composé de gens de lettres azhariens chargés d'aider et de diriger les étudiants. Le shaykh fut nommé secrétaire général (wakîl) de l'université d'al-Azhar sous le rectorat de Sâlim al-Bishrî, puis membre du corps des grands ulamâ ' (composé à l'époque de trente membres représentant l'ensemble des quatre rites), ainsi que du Haut Conseil d'al-Azhar.

Sa carrière au sein de l'administration d'al-Azhar prit fin en 1915, à la suite d'un désaccord avec un membre de la famille royale, le prince Husayn Kâmil, concernant la gestion de l'université. Il se consacra alors entièrement à son rôle d'enseignant, donnant des cours dans la mosquée Muhammad bey aux ulamâ' et étudiants du cycle supérieur en théologie (tawhîd), logique (mantiq), jurisprudence (fiqh) et exégèse coranique (tafsîr), mais encore professant le calcul et l'algèbre, matières qui, jusqu'à ce que Muhammad Abduh les remette au goût du jour, avaient déserté le cursus classique. En dehors de ce dernier, des personnalités politiques célèbres comme le leader Sa'd Zaghlûl, ou encore le président du conseil Hasan Sabrî faisaient partie du cercle des relations de M. H. Makhlûf.

Notes

1 Il s'attacha particulièrement à des réformes budgétaires, améliorant les traitements des enseignants, le budget affecté à la bibliothèque, ainsi que les conditions de logement et d'hygiène des étudiants. Il fit introduire dans les programmes des rudiments de sciences laïques : des notions élémentaires d'histoire, de géographie, de mathématiques furent enseignées grâce à lui.

Aucun commentaire: