jeudi 3 janvier 2008

Musicothérapie et le développement personnel

Musicothérapie et le développement personnel

Un article de Shermin Movaffaghi


La musicothérapie est une discipline très ancienne qui consiste à utiliser les effets thérapeutiques des interactions sonores en vu d'améliorer la qualité de vie ( rituels , guérisseurs, etc.)

Dans son acceptation moderne, la musicothérapie est considérée comme une approche thérapeutique qui permet
d'effectuer un travail en profondeur sur les émotions à travers le "canal non-verbal".

C'est ainsi qu'elle est souvent utilisée dans des prise en charge qui favorisent l'expression libre du patient.

Par ailleurs, la musique étant intimement liée à la motricité et le mouvement, la musicothérapie peut aussi être indiquée lors des rééducations et réhabilitations.

De par son essence , cette approche permet donc:

- le développement et l'acquisitions de nouvelles compétences motrices
- le développement des fonctions cognitives telles que la mémoire ou l'attention
- un travail émotionnel en profondeur
- la connaissance des mécanismes inconscients.
- le développement personnel

Bref historique

De la préhistoire à nos jours, l'humanité a accompagné son évolution par des productions sonores. La ritualisation de ces événements a été à l'origine de la musique qui est devenu un moyen de communication et d'échange social. Dès la haute antiquité, la musique a été utilisée comme moyen d'expression émotionnelle en se basant sur les représentations de la psyché humaine. C'est ainsi que de grandes civilisations telles que l'Egypte, la Perse, la Chine et la Grèce ont introduit les vertus de la musique dans leurs sciences médicales.
En occident, il faut attendre le 19ème siècle pour voir Pinel citer l'exemple d'un malade pour lequel la découverte de la pratique du violon joue un rôle essentiel dans son rétablissement. La musique est alors considérée comme un moyen pour calmer, stimuler ou encore chasser les idées pathogènes des patients.
L'avènement de la psychanalyse au 20ème siècle donnera pleinement à la musique son apport thérapeutique. C'est ainsi qu'un psychanalyste argentin au nom de R. Benenzon propose un premier modèle de la musicothérapie en s'appuyant sur le modèle psychanalytique (Benenzon 1962).
Il faut dire que l'approche de ce pionnier fait encore référence dans la pratique de la musicothérapie qui s'est fortement liées avec les concepts freudiens.

Par la suite, les pays anglo-saxons ont introduit la musique dans les thérapies comportementales au titre de renforcement positif, ou sa privation, à celui de renforcement négatif. Ainsi, par exemple, J. Alvin, promotrice de la musicothérapie en Grande-Bretagne utilisait ces techniques de conditionnement avec de enfants psychotiques, pratique qui est toujours en cours.
Il faut aussi noter toute une série de littérature concernant l'écoute passive de la musique et les réactions physiologiques de l'organisme telles que les réactions psycho galvaniques ou les concentrations d'hormones sanguines.

Quelques recherches

Effet de la musique sur les hormones du stress :

Beaucoup de recherches mettent en évidences les effets de la musique sur les hormones dans des situations de chirurgie, d'anesthésie ou de dentisterie.

Dans une des première recherche, Spintegh (1985) met en évidence l'effet d'une musique relaxante sur la pulsation, la pression sanguine, la concentration d'hormones de croissances GH, la concentration de ACTH et la concentration de prolactine dans le plasma sanguin. Ces recherches ont mis en évidences des différences significatives à la suite de chirurgie dentaire :


- Une diminution significative du rythme cardiaque du groupe ayant reçu une musique relaxante durant l'opération dentaire.
- Une diminution significative de la pression sanguine.
- Une diminution significative de l'hormone de croissance.


Dans une autre recherche, l'effet d'une musique relaxante a été étudié sur la concentration de la corticol et de la noradrénaline.
Dans cette étude, 30 patients ont été placée dans 2 groupes de 15 ; un groupe contrôle et un groupe expérimental. Le groupe expérimental a bénéficié de la musique relaxante. Les résultats ont mis en évidence, une diminution significative du taux de cortisol et de noradrénaline dans le groupe expérimental et une heure après l'opération ainsi que dans la période de récupération.
Stoner (1990) a observé de manière clinique que l'utilisation d'une musique relaxante permettait de diminuer de manière sensible l'angoisse de l'opération. Il a pu ainsi mettre en évidence que l'effet n'est observable que si la musique est connotée positivement par les patients. Cette étude met en évidence l'importance du choix musical et sa dimension subjective.
Schorr (1993) a mis en évidence l'effet de la musique sur la douleur ressentie. Il a pu vérifier chez les sujets féminins souffrants de troubles d'ordre articulaire, une diminution significative de la douleur rapportée.
Dans la même optique, Magill et Levreault (1993) ont mis en évidence le rôle de la musicothérapie dans la diminution de la douleur et de ses conséquences et ont proposés la musicothérapie comme une thérapeutique contre la douleur.
D'autres chercheurs ont pu mettre en évidence une amélioration de la prise en charge de soin intensif en condition musicale.
Good a pu démontrer (1995) dans une étude expérimentales, l'effet analgésique de la musique suite à des opérations gastrique. Les résultats ont mis en évidence chez 89% des sujets une diminution des douleurs gastriques postopératoires à la suite d'écoute musicale.

Depuis les années 90, on assiste à des travaux de recherche d'inspiration neurocognitive et médicale qui tentent de mettre en évidence les effets de la musicothérapie en marge d'autres thérapies conventionnelles.

C'est ainsi qu'une méta analyse ( J. Silverman, 2003) met en évidence de manière significative (d=+0.71) une diminution de la symptomatologie chez les patients psychotiques.
Par ailleurs, une autre méta analyse (Pfeiffer H, Wunderlich S, Bender W, Elz U, Horn B, 1997) montre que les acquis en musicothérapies se perdent après une période de 6 mois d'arrêt de la thérapie.

Une étude menée à Taiwan (Tang W, Yao X, Zheng Z ,1994) a mis en évidence chez les patients schizophrènes une diminution des symptômes négatifs, une augmentation des interactions sociale et une baisse de l'isolement et une diminution des dosages de neuroleptiques.
Tout un plan de recherche se consacre aussi à l'utilisation de la musique chez les autistes et une échelle d'évaluation et de diagnostic différentielle ont été validées par T. Wigram (2000).

Giles et Cogan (1991) ont étudié l'effet de 3 styles de musiques (musique classique, musique de Walt Disney et la musique électronique) sur des enfants souffrant des troubles psychiatrique.
Les signes corporels, les symptômes dépressifs et l'hyperactivité des enfants ont été étudiés. Les résultats ont montré que la musique des films de Disney avait le meilleur résultat sur les enfants.
Klein a étudié l'effet de la vitesse du rythme sur les réactions de 80 enfants dont un groupe souffrait d'hyperactivité. Leur comportement a été étudié dans des exercices de dessins et de motricité fine. Les conclusions mettent en évidence qu'un rythme rapide augmente le taux d'erreur chez les enfants hyperactifs tandis qu'un rythme " doux " rapproche leur performance de ceux des autres enfants.

Pour finir, tout un plan de recherche a été consacré ces dernières années aux effets de la musique sur les troubles de l'humeur et affectif.
Reinhardt et Lange (1982) ont étudié l'effet des différentes formes musicales comme les valses de Chopin et les concertos de piano de Mozart sur les patients présentant un trouble dépressif. Les résultats ont pu mettre en évidence que l'écoute de la musique choisie permettait une diminution de la symptomatologie dépressive et une augmentation motivationnelle.
Mikhailov, Monosoon et Co. (1990) ont étudié l'effet de la musique classique comparé au rock and roll sur des patients dépressif. Les résultats des questionnaires et de l'électroencéphalogramme ont mis en évidence la création de sentiment négatif suite à l'écoute de la musique rock.
Hanser (1990) a mis au point une méthode pouvant stimuler la motivation des personnes âgées souffrant de dépression. Les patients apprenaient à utiliser leur musique favorite en situation d'écoute à domicile tout en combinant l'écoute à de la relaxation et de la pensée positive. Les patients âgés de 65 à 74 ans ont été soumis durant 8 semaines à ce protocole. Les résultats ont montrés des résultats différenciés selon les patients.
Pickett (1991) a mis en évidence une amélioration du pronostic chez des patients féminins souffrant de dépression majeure associée à une dépendance alcoolique suite à l'écoute d'une musique choisie et de renforcement positif.

En résumé, toutes ces études mettent en évidence les bienfaits de la musicothérapie et s'accordent à dire qu'elle permet l'ouverture d'autres canaux de communication chez les patient ayant des difficultés relationnelles sur le plan verbal.
Or ces études sont imperméables à l'analyse même de méthodes utilisées en musicothérapies. Par exemple, les acquis cliniques montrent que la structure rythmique semble primordiale dans l'approche des patients psychotiques ou que ces derniers sont profondément affectés par des stimulations sonores n'ayant pas de structure pulsative. Des études récentes (Ivry, 1993) ont mis en évidence des difficultés d'intégration d'intervalles temporelles chez les autistes et les patients psychotiques en suggérant le rôle du cervelet.

Par conséquent, il paraît évident qu'afin de comprendre les mécanismes mis en jeu dans les interactions sonores en musicothérapie, nous ayons besoin de nouveaux modèles intégrant les différentes variables musicales et ceci en corrélation avec les particularités d'une population clinique.
De plus toutes ces recherches ne tiennent pas compte des aspects culturels de la musique. L'expérience clinique en musicothérapie montre souvent qu'il n'existe pas de recette musicale ou de correspondance précise entre une musique et un état produit. Comme le dit souvent S. Ventura, il n'y pas " d'effet aspirine en musique" !
Comme nous allons le voir plus loin avec la notion du Hal, l'important en musicothérapie est " l'ici et maintenant " et que chaque son à une signification différente selon son contexte et le vécu de la personne.

Source : www.musiques-therapies-traditions.com

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