samedi 9 février 2008

L’islam en Chine : Renaissance et Perspectives (derniere partie)

Salam alaikoum ; derniere partie de cet article interessant sur les liens entre la Chine et l'Islam ...

Par le Dr Moufid Al Zaidi
V. Les perspectives d’avenir pour les Musulmans de Chine :
Sous la bannière de l’islam, le monde islamique se caractérisait par une homogénéité géographique, humaine et religieuse. Diverses cultures et civilisations ont coexisté, permettant la bonne marche de l’action économique, sociale et culturelle. S’identifiant à la même culture religieuse et à une culture générale plus ou moins commune, le monde islamique partageait le même esprit, les mêmes intérêts et les mêmes idées.
La civilisation islamique a développé le côté spirituel de l’être humain et a consacré les valeurs morales à travers le dialogue des civilisations. Les peuples d’Asie ont particulièrement tiré parti de leurs contacts avec les musulmans à travers le Pèlerinage annuel et grâce aux échanges commerciaux. C’est ainsi que le commerce a revêtu le caractère d’une activité économique définie par un sens d’appartenance religieuse. Sous la bannière de l’islam, le principe de l’unité de la race humaine instauré par Dieu est appliquée conformément au verset suivant : «C’est Lui qui vous a créés d’un seul être ; mais par delà l’unité humaine, l’unicité de Dieu reste le principe de toute activité entreprise par l’homme.
Dieu dit : «Attachez-vous tous au pacte de Dieu», ce verset coranique est à la base des plus nobles principes. Il concrétise l’union, la solidarité, l’entente, l’ouverture, le dialogue et le don de soi en vue d’une vraie construction et dans le but d’aplanir les obstacles et d’appliquer les valeurs islamiques suprêmes. Fruit d’une assimilation correcte des grands principes islamiques, l’islam en Chine est non seulement pur de toute tendance extrémiste mais c’est un islam qui s’attache aux sources autant qu’il s’adapte à la vie moderne. Evoluant dans une société majoritairement non-musulmane, l’islam de Chine s’ouvre au dialogue, cohabite avec autrui et ne coupe jamais les liens avec l’extérieur (i.e le monde islamique). Pour preuve, il n’y a qu’à voir comment l’islam est vécu comme une union spécifiquement islamique. Grâce à un attachement sans faille à la religion musulmane et à une solidarité mue par la force de la foi, les Tibétains se sont mobilisés contre tous les dangers susceptibles de menacer leur religion et leurs idées, ce qui est en parfaite harmonie avec les principes de tolérance, d’égalité et de dignité humaine car seul fait la différence le degré de piété et de crainte de Dieu. L’islam est un système de pensée global qui sollicite la raison et interagit avec l’évolution du monde. L’intérêt de l’être n’étant aucunement incompatible avec la Loi du Très-Haut, l’islam ne se conçoit qu’avec la liberté, l’entente, le dialogue et la raison.
Menacé par des idéologies occidentales comme celle du «choc des civilisations» et de la «fin de l’Histoire», le monde islamique (du Maroc à la chine) doit mobiliser ses forces pour instaurer un dialogue civilisationnel raisonnablement ouvert sur l’Autre mais fermement attaché aux principes de l’islam. C’est ainsi qu’un nouveau mode de communication et une renaissance civilisationnelle nouvelle verront le jour, qui s’inspireront du passé glorieux de la nation islamique et affrontent le présent avec la puissance de la raison et la force de la foi.
Dans ce sens, on ne saurait trop insister sur l’importance du dialogue et de l’échange intellectuel entre les Arabes et le monde islamique. Plusieurs canaux peuvent être exploités à cet effet : les missions scientifiques, la fourniture de supports bibliographiques, la participation aux activités islamiques, conférences et séminaires qui se tiennent en Chine (par exemple) et l’organisation de concours linguistiques ayant pour objet la langue arabe ainsi que d’autres langues.
A cet égard, les États arabes peuvent jouer un rôle efficace à travers l’envoi d’enseignants dans les universités chinoises, l’enseignement de la langue arabe, l’explication du texte coranique, la construction de mosquées, le soutien des associations islamiques et caritatives, la promotion du véritable sens de l’islam, la création d’un fonds de solidarité islamique en collaboration avec les pays de l’Asie du sud en général et la Chine en particulier, la consécration de la culture islamique et le rapprochement entre les États arabes et le monde asiatique .
On peut également lancer une campagne de promotion du livre arabo-islamique dans les écoles, les instituts et les facultés islamiques qui s’intéressent à la culture arabe en leur faisant parvenir les chef-d’œuvres et les livres de référence en matière de commentaire coranique, de hadith, de langue arabe et d’histoire islamique. De même, il convient de faire connaître la civilisation islamique sous son véritable jour et de mobiliser des fonds pour la promotion et la publication du livre arabo-islamique en Chine.
Ayant pour vocation de servir l’action islamique dans le monde musulman, d’établir une coopération entre les musulmans de l’Est et de l’Ouest, de contribuer à la construction d’un monde meilleur où règneraient les principes de justice, de cohabitation et de progrès pour tous, l’Organisation de la Conférence islamique peut contribuer à une meilleure médiatisation du patrimoine civilisationnel et culturel de l’islam, mettre en évidence le passé, le présent et l’avenir de l’islam dans le but de faire face aux défis de l’Occident, sauvegarder l’identité islamique, sensibiliser à la réalité de l’islam et des musulmans en Chine, leur apporter un soutien culturel et médiatique et leur faire partager de manière aussi effective que concrète la réalité de la solidarité des peuples islamiques.
S’il est vrai que le patrimoine islamique a séduit les peuples du monde par son infinie richesse artistique et architecturale, il n’en reste pas moins que le monde islamique a besoin davantage de rayonnement culturel et civilisationnel qui confirme la place de l’islam en Asie en général et en Chine en particulier. Ce patrimoine arabo-islamique auquel s’identifient plusieurs régions de Chine depuis des siècles et qui témoigne de la grandeur de l’islam a besoin d’être sauvegardé par des institutions et immortalisé par les nouvelles générations.
C’est que nous souhaiterions davantage de coopération et de coordination avec les institutions islamiques en Chine telles la Faculté de langue arabe à Pékin, le Centre d’études islamiques à Shanghai, le Centre asiatique des études arabo-islamiques à Pékin, dans le but de co-organiser des conférences, des visites académiques en Chine d’accueillir les musulmans chinois dans les universités arabes dans le cadre des échanges estudiantins, de sanctionner leurs séjours académiques par des diplômes ad hoc, conclure des accords bilatéraux dans les domaines scientifique et culturel afin de promouvoir l’activité scientifique au sein de ces établissements qui pourraient se sentir intellectuellement et scientifiquement coupés du monde arabo-musulman. Grâce à ce rapprochement, les efforts des musulmans d’Asie en général et de Chine en particulier ne seront pas vainement consentis.
Les institutions islamiques de Chine doivent par ailleurs s’engager dans des programmes de coopération avec les centres d’études et de prédication islamiques dans le but de publier revues, livres, bulletins islamiques et les mettre à la disposition des musulmans de Chine. Cette coopération doit également soutenir les articles et les travaux de recherche islamiques menés par les intellectuels arabes et musulmans.
En matière de langue arabe, outil indispensable à la compréhension du Coran, les institutions islamiques en Chine sont appelées à travailler de concert avec les académies linguistiques et scientifiques arabes à la prestigieuse histoire, nous avons nommé les académies scientifiques du Caire, de Damas, de Bagdad et d’Amman. Le travail commun avec ces importantes institutions, permettra la mise à jour linguistique et scientifique des universités asiatiques et projettera l’esprit islamique (assimilation de l’islam, sens du dialogue, acculturation) sur ces établissements lointains pour leur permettre de dispenser un enseignement correct de la langue arabe en guise de prélude à une parfaite assimilation du Coran et de la tradition du Prophète, base du message islamique.
Les instituts et les universités islamiques des pays arabes peuvent inviter des professeurs, des imams et des prédicateurs chinois à visiter les centres religieux, scientifiques et les établissements islamiques, entretenir les liens intellectuels et scientifiques, faire connaître les sources de l’histoire islamique, aller à la découverte des manuscrits de valeur, activer le rôle des maisons d’édition, des centres, des écoles islamiques qui forment les imams et les prédicateurs, créer un contact à travers les accords bilatéraux pour permettre l’accueil des musulmans chinois.
Cette étude tente en fait d’ouvrir la voix vers davantage de travaux de recherche qui s’intéresseraient au continent asiatique en général et à la Chine (son point névralgique sur les plans de la géographie et de l’économie) en particulier. Lever le voile sur les faces cachées du patrimoine musulman et relancer l’action islamique, voilà les objectifs qui vont être poursuivis grâce aux efforts des penseurs musulmans qui sont engagés dans l’action islamique aussi bien en Asie que dans le reste du monde islamique.
Source : http://www.isesco.org.ma/

Aucun commentaire: