jeudi 20 mars 2008

Sidi Abd al Qadir Jilani (r)

Sidi Abd al Qadir Jilani (r)
Salam alaikoum , plutôt rare en langue francaise , une biographie de ce noble personnage .


Shaykh Muhyi ad-dîn 'Abd al-Qâdir al-Jîlânî (1077 A.D./472 H. - 1166 A.D./561 H.) fut le phare de son époque dans les sciences spirituelles et les disciplines relatives à la Loi divine. Sa réputation fut telle dans les sciences du soufisme et de la sharî`a qu’il finit par être connu comme le pôle de son temps, al-ghawth al-a`zam.
Il est né dans la cité de Jîlân, dans la province nord-est de la Perse, en l’an 1077 A.D. A l’âge de dix-huit ans, il partit pour Bagdad à la poursuite de la connaissance et de la guidance divines.
Ses premiers maîtres en Loi divine furent le shaykh Abul Wafa ibn Aqil, le shaykh Muhammad ibn al-Hasan al-Baqlani et Abû Zakariyâ’ Tabrizî. A l’ombre de ces trois grands, il apprit la science de l’exégèse du Coran, la science des traditions, la science de la vie du Prophète (sîrah), la théologie, la jurisprudence (fiqh), la grammaire, la récitation du Coran et la philologie. Il étudia l’école de jurisprudence hanbalite, mais il était aussi capable de donner des décisions dans l’école chaféite. Il connaissait le Coran par coeur, non pas sous une seule forme, mais dans les sept méthodes de récitation.
Après avoir acquis la maîtrise de treize disciplines relatives à la loi religieuse et des sciences annexes, il se tourna alors vers la voie spirituelle sous la guidance du shaykh Hammâd ibn Muslim ad-Dabbâs. Il reçut l’initiation dans la voie des chercheurs du shaykh al-Mubarak Sa`id ibn al-Hasan. Le shaykh al-Mubarak Sa`id fut le shaykh de la plupart des plus grands chercheurs et maîtres de son temps à Bagdad.

Shaykh `Abd al-Qâdir al-Jîlânî reçut l’ijaza et la direction de la tarîqa à l’âge de cinquante ans, de son shaykh, Shaykh al-Mubarak Sa`id. Peu de temps après avoir reçu le titre officiel de shaykh at-tarîqa, on le reconnaissait dans la cité et ses environs comme un grand maître, et comme la source à laquelle tous les coeurs habités d’un désir ardent devaient se tourner pour trouver la guidance et l’illumination propres à diriger les coeurs sur la voie de l’amour divin et de l’inspiration divine.

Sayyidina `Abd al-Qâdir raconte : " Au commencement, seules quelques personnes fréquentaient mon groupe. Quand de plus en plus de gens eurent entendu parler de moi, l’école devint surpeuplée. Je pris alors l’habitude de m’installer dans la mosquée de Bab al-Hilba, qui finit par être trop petite pour accueillir le grand nombre de gens qui venaient m’écouter. Ils venaient même au milieu de la nuit, portant des lampes et des bougies pour voir. Finalement le lieu ne put contenir les foules, et on transporta la chaise d’où j’enseignais sur une voie de circulation, puis dans les faubourgs de la ville, dans un endroit qui devint le nouveau lieu de rassemblement. Les gens y venaient à pied, à cheval, à dos de mule, d’âne ou de chameau. On put voir jusqu’à soixante-dix mille auditeurs assistant à ces rassemblements. "
Dans ces rassemblements, il enjoignait aux gens de faire le bien, et il les dissuadait de commettre le mal. Son conseil s’adressait aux gouvernants, aux ministres, aux gouverneurs, aux juges, à ses disciples et aux gens ordinaires. Selon Ibn Kathîr, le grand historien, " il se tenait debout dans les mosquées, il réprimandait publiquement les gouvernants qui commettaient le mal. Il le faisait en présence de tous, qui pouvaient ainsi en témoigner, dans des interventions publiques. Il évitait toutes les formes de conciliabule politique, et ne craignait personne quand il parlait, sinon Dieu Tout Puissant. Aucun reproche ne l’affectait. "
Un jour, comme le calife du monde islamique venait de nommer une personne injuste comme juge en chef, sayyidina `Abd al-Qâdir al-Jîlânî se leva, dans la plus grande mosquée de Bagdad, pour prononcer le sermon du vendredi. Il s’y adressa directement au calife. Il dit : " Tu as désigné le pire des injustes pour juger des affaires des musulmans ! Que répondras-tu demain au Seigneur des mondes, au Plus Miséricordieux des miséricordieux ? " Entendant cela, le calife trembla de peur. Versant des larmes abondantes, il se hâta, après la prière, de démettre ce juge.
Sayyidina `Abd al-Qâdir appelait les gens à se corriger eux-mêmes, à purifier leur coeur et à chasser de leur coeur l’amour excessif de la vie en ce monde. Il les pressait de remplir leur coeur de l’amour de Dieu et de Son Messager et de ses saints. Il les exhortait à suivre le Prophète dans chacun de leurs actes et chacune de leurs pensées, en tout comportement et en toute attitude, il les exhortait à éviter l’hypocrisie et les feintes, à chasser de leur coeur l’orgueil, l’auto-satisfaction, la haine et l’hostilité, la jalousie, la tyrannie, la tromperie et la rancoeur. Il appelait les gens à briser leurs attachements à ce monde et à ceux qui en sont les esclaves, et de se tourner de tout leur coeur vers Celui qui nourrit, Dieu Tout Puissant, cherchant Sa satisfaction, Sa guidance, Sa miséricorde et Son pardon.
Il ouvrait la porte aux gens pour qu’ils renouvellent leur pacte avec leur Seigneur. Musulmans comme non musulmans, ils venaient en masse l’écouter, se repentir de leurs mauvaises actions et l’accepter comme chef et guide sur la voie qui mène à Dieu, acceptant de n’associer personne à Dieu, que ce soit ouvertement ou de façon subtile, de louer Dieu et de Le remercier pour Ses faveurs bienveillantes, de suivre la voie des prédécesseurs vertueux dans la religion et la guidance droite, d’éviter toute déviation et schisme en religion, d’unifier leurs coeurs et de les réunir comme au creux d’une main, dans l’amour de Dieu, de Ses prophètes et de Ses saints. Ils détournaient leur coeur de l’amour de la vie de ce monde et le dirigeaient vers l’amour de l’au-delà, ils le détournaient des plaisirs des sens et de la recherche de la fortune et le dirigeaient vers l’amour de Dieu et l’acceptation de Ses ordres et de Ses interdits.
Dans une de ses causeries, dont on dit qu’y assistaient plus de quatre cents scribes, il dit : " Les murs de la religion sont tombés et leurs fondations ont craqué. Rassemblons-nous, ô gens de la terre, et reconstruisons ce qui est en ruine, rétablissons ce qui est tombé ! C’est inacceptable. Ô soleil ! Ô lune ! Ô jour ! Venez tous ! Ô gens, la religion implore aide et assistance, tenant ses mains au-dessus de sa tête en signe de détresse, une détresse due aux débauchés, aux insolents, aux innovateurs, à ceux qui pervertissent la loi divine, aux gens insouciants, aux injustes et aux tyranniques, à ceux qui falsifient la connaissance divine et pourtant la revendiquent, alors qu’en fait elle n’est pas entre leurs mains.
" Ô hommes ! Que vos coeurs sont devenus durs ! Même un chien sert son maître. Il le garde, l’accompagne dans ses marches, chasse pour lui, garde ses troupeaux et veille sur lui avec loyauté dans l’espoir que son maître lui accordera quelques bouchées de son repas ou les lui mettra de côté pour plus tard. Réfléchissez-y et comparez à la façon dont vous vous rendez obèses par les bontés de Dieu, la façon dont vous satisfaites grâce à elles vos désirs vils, sans même obéir à Ses commandements ni éviter ce qu’Il a interdit ! Vous ne Lui payez pas ce que vous Lui devez, vous négligez Ses ordres et vous n’observez pas les limites de ce qu’Il vous a ordonné. "

Ses enseignements

`Abd al-Qâdir al-Jîlânî donna un jour à ses disciples l’ordre suivant : " Tuez un poulet à un endroit où personne ne peut vous voir, puis apportez-le moi. " Certains prirent l’ordre au pied de la lettre et pensèrent qu’il suffisait de garder le secret.
Au bout de quelques heures, les disciples revinrent, chacun portant un poulet tué. Au moment de la prière de l’après-midi, l’un d’eux manquait toujours à l’appel. Il ne s’était pas encore montré. Le shaykh dit : " Où est Untel ? " Personne ne savait. Le moment de la prière de la nuit vint, passa. Le jour suivant arriva et on ignorait toujours ce qui était arrivé au disciple manquant. Dans l’après-midi du lendemain, le disciple revint, un poulet à la main, mais un poulet toujours vivant. Le shaykh lui demanda : " Où étais-tu tout ce temps ? Chacun a rapporté un poulet tué sauf toi. Pourquoi cela ? " Il répondit : " Ô mon shaykh, l’ordre que tu m’as donné était de tuer un poulet dans un endroit où personne ne pourrait me voir. J’ai essayé toute la journée d’hier, toute la nuit et toute la matinée, de trouver un endroit où Dieu n’est pas présent, et je n’ai pas pu trouver un tel endroit. Comment aurais-je pu tuer le poulet ? " Shaykh `Abd al-Qâdir dit : " Certains d’entre vous ont pris l’ordre au pied de la lettre, mais vous n’avez pas conservé dans votre coeur le fait que je suis avec mes disciples, où qu’ils soient. D’autres ont pensé : ‘Notre shaykh est gourmand et veut se fournir en poulets.’ Ce sont des mauvaises manières que de penser ainsi. Mais votre frère sait que je suis en son coeur vingt-quatre heures sur vingt-quatre et que je ne le quitte jamais. Son seul désir était d’obéir à mon ordre et de me respecter, non de chercher à comprendre la raison de cet ordre et d’essayer de découvrir son but. Mon fils qui est ici est mon successeur, qui vous enseignera le code de conduite correct et sera pour vous un bon exemple à suivre. "
Sa gnose

Bien qu’il fut éminent parmi les grands saints – et c’est la raison pour laquelle on le surnomma al-ghawth al-a`zam ou le soutien parfait –, sayyidina `Abd al-Qâdir al-Jîlânî est aussi un juriste hors pair de l’école hanbalite. On a signalé ses liens avec l’école chaféite et avec l’imâm Abû Hanîfa. Il fut le disciple de saints prestigieux, comme Abû al-Khayr Hammâd ibn Muslim ad-Dabbâs (mort en 525 H.) et Kwaja Abû Yûsuf al-Hamadhâni (mort en 535 H.), second, après Abû al-Hasan al-Kharaqâni (qui fut le shaykh de al-Harawi al-Ansâri dans la chaîne d’autorité primitive de le naqshbandiyya.

Les oeuvres les plus réputées du shaykh `Abd al-Qâdir sont les suivantes :

  • al-ghunya li tâlibi tarîqa l-haqq (Provisions suffisantes pour ceux qui cherchent la voie de la vérité) est une des présentations les plus concises qu’on ait jamais écrite de l’école juridique de l’imâm Ibn Hanbal, comprenant les enseignements solides des ahl as-sunna sur le `aqida et le tasawwuf.
  • al-fath ar-rabbani (Les ouvertures seigneuriales), recueil de sermons destinés aux élèves et aux maîtres de la voie soufie et à tous ceux qu’attire la perfection. Fidèle à son titre, ce livre procure à son lecteur un profit et un gain spirituel immenses (traduit en français).
  • futuh al-ghayb (Ouvertures sur l’invisible), autre recueil de sermons plus avancés que les précédents, et comme eux d’une valeur inestimable.
  • sirr al-asrâr (Secret des secrets), court traité de pratique soufie que le shaykh `Abd al-Qâdir rédigea à l’intention de ses disciples (traduit en français).
Étant donné son statut dans l’école hanbalite, `Abd al-Qâdir jouissait d’un grand respect auprès de Ibn Taymiyya, au point qu’il fut le seul auquel ce dernier accorda le titre de " notre shaykh " (shaykhuna) dans toute sa fatawa, alors qu’il réserva l’appellation " mon imâm " (imâmuna) à Ahmad ibn Hanbal. Il mentionnait fréquemment Jîlânî et son shaykh ad-Dabbâs comme les meilleurs exemples de soufis récents.
Les miracles du shaykh `Abd al-Qâdir sont trop nombreux pour qu’on puise les compter. L’un de ces miracles a consisté à faire don de la guidance, qui se manifeste dans ses paroles, par laquelle des milliers de gens entrèrent dans l’islâm et se repentirent. Al-Shattanawfi cite, dans bahjat al-asrâr, de nombreux miracles en mentionnant chaque fois la chaîne de transmission. Ibn Taymiyya utilise ces récits comme un moyen de satisfaire son souci d’authenticité, mais son élève adh-Dhahabi, tout en affirmant qu’il croit d’une façon générale aux miracles de `Abd al-Qâdir, se déclare cependant sceptique sur nombre d’entre eux. On a pu constater ce trait de caractère de adh-Dhahabi dans la manière dont il doute du récit authentique de l’admiration de l’imâm Ahmad pour al-Muhâsibi. Voici ce qu’il dit de `Abd al-Qâdir al-Jîlânî dans siyar a`lam al-nubala' : " Le shaykh `Abd al-Qâdir (al-Jîlânî), le shaykh, l’imâm, le savant, le zahid, le connaissant, l’exemple, le shaykh de l’islâm, le plus distingué parmi les awliyâ’, le hanbalite, le shaykh de Bagdad. Je dis qu’il n’en est aucun parmi les grands shaykhs qui ait plus d’états spirituels et de miracles (karâmat) que le shaykh `Abd al-Qâdir, mais beaucoup de ces miracles ne sont pas véridiques et beaucoup de ces choses sont impossibles. "

Préface du Secret des Secret (Al Bouraq)
Si l’arbre se juge à ses fruits, `Abd al-Qâdir al-Jîlânî est certes un arbre d’une valeur inestimable : il inspire en effet la plus ancienne des confréries soufies, la qâdiriyya, aujourd’hui encore la plus importante du monde musulman.
Né en 1077 dans un village du jîlân (dans l’Iran actuel), `abd al-qâdir arrive à Bagdad vers 1095 pour étudier. La nizâmiyya, première université musulmane, vient juste de perdre le grand al-Ghazâlî, parti à la découverte de lui-même. Alors `abd al-qâdir renonce à s’y inscrire, et c’est avec plusieurs maîtres qu’il se forge en quelques années, dans une cité où se côtoient les plus grands saints et les pires perversions, une solide formation dans les différentes sciences religieuses. Il y mène, semble-t-il, une vie agitée, tant au plan spirituel qu’au plan matériel.
Puis il part pour, disent certains, vingt-cinq années d’errance et de retraite. “ Me prenant par la main, Dieu m’a élevé au-dessus de tous les adorateurs. Je suis proche de mon Seigneur et comblé de L’avoir rencontré. ” Son maître le plus marquant est alors abu al-khayr al-dabbas, celui qui a dit : “ Le plus court chemin qui mène l’homme à Dieu, c’est de L’aimer. ” On dit qu’il a également été formé par abû yûsuf al-hamadânî, un des premiers maîtres de la chaîne de la confrérie naqshbandiyya.
En 1127, il réapparaît à Bagdad, et se révèle alors un prédicateur hors pair. Le “ faucon gris de Dieu ” embrase le coeur des milliers de fidèles qui se pressent pour écouter ses sermons. Et cette aptitude à ouvrir les coeurs continue à oeuvrer depuis bientôt mille ans, même si un orientaliste moderne n’accorde (avec un peu de présomption ou de naïveté ...) que peu de valeur aux sermons d’`abd al-qâdir al-jîlânî, pas assez en tout cas pour justifier sa réputation !
Dans sa propre école, `abd al-qâdir passe le reste de sa longue vie (il meurt en 1166) à enseigner, entouré d’une nombreuse famille. Son enseignement prône à la fois le respect de la loi divine (`abd al-qâdir se rattache au hanbalisme) et la lutte intérieure (le grand jihâd) contre les passions.
Le secret des secrets est un petit livre que le maître a écrit pour ses disciples. Il n’est peut-être pas inutile de préciser ici ce que signifie le mot “ soufi ”, puisqu’aussi bien ce livre est un “ livre de soufisme ”. Le mot est aujourd’hui utilisé à propos de quiconque s’engage dans une démarche spirituelle dans la voie du soufisme. En toute rigueur, le mot doit être réservé à celui qui est parvenu au terme du voyage. Celui-là n’a d’ailleurs rien à dire, ni à ceux (très rares) qui sont, comme lui, réalisés (cela ne servirait à rien), ni à ceux qui le suivent sur le chemin (ils ne comprendraient pas). Autant dire qu’un “ soufi ” ne se révèle pas.
Ceux qui suivent la voie soufie sont un peu plus nombreux : ils ne se diront jamais soufis, car ils savent.
Enfin viennent ceux, très nombreux, qui se préparent à entrer dans la voie soufie. Parmi eux, beaucoup pensent avoir déjà emprunté la voie, alors que le long, très long travail de purification préalable est à peine entamé et que peu parviendront à franchir cette première étape. À tous ceux-là, le shaykh `abd al-qâdir al-jîlânî apportera une aide précieuse, si Dieu le veut, car c’est pour eux qu’il a écrit le présent livre.
Il semble qu’il faille aussi préciser que, contrairement à une idée malheureusement répandue, le soufisme est indissociable de l’islam. Le soufisme repose sur la tradition, c’est-à-dire la transmission ininterrompue depuis le Prophète Muhammad (la chaîne de transmission de certaines confréries remonte à Dieu, par Gabriel). Les maîtres auto-proclamés, sans lien établi avec la tradition, n’ont pas cours dans le soufisme. Car couper le soufisme de sa source essentielle revient à le réduire à une sorte de gymnastique ou d’hygiène “ spirituelle ”. Elles peuvent être utiles, mais elles ne nourrissent pas cette attitude intérieure spécifique où se mêlent la nostalgie du temps du pacte primordial et le désir ardent de retrouver l’intimité du Créateur.
Que Dieu soit remercié pour la sollicitude dont Il a fait preuve pour guider la plume de Son serviteur dans ce que ce travail a de meilleur. Et qu’Il veuille bien pardonner les erreurs que ce travail contient, et qui ne sont dues qu’à la négligence de Son serviteur, car
Lâ hawla wa lâ quwwâta illâ billâh Il n’y a de force et de puissance qu’en Dieu.

Source : http://membres.lycos.fr/almurid/

Aucun commentaire: