mardi 29 avril 2008

Les chants soufis résonnent au coeur de New Delhi

Les chants soufis résonnent au coeur de New Delhi

Les chants soufis résonnent au coeur de New Delhi
par Dorothée Gieux

Tous les jeudis, à la tombée de la nuit, les qawwalis emplissent le quartier de Nizamuddin ouest, à New-Dehli. Deux frères, Sultan et Ghulam, perpétuent la tradition des chants soufis dans une atmosphère de dévotion intense.Les gens s'entassent près de la dargah, un tombeau de marbre blanc à ciel ouvert, dans Nizamuddin ouest. Comme chaque jeudi vers 20 heures, la foule est venue écouter les qawwalis, les chants soufis. Au cœur de ce quartier musulman, autour du tombeau du saint soufi, les roses recouvrent le sol et l'odeur d'encens est puissante.

Les vedettes de la soirée sont deux frères. Ghulam, l'aîné, a la bouche rougie par les feuilles de bétel qu'il mâche. Sultan est plus jeune, et plus timide. Tous les deux portent la même tunique blanche. Ils ont la trentaine mais ont déjà l'habitude d'un tel auditoire. Assis par terre en tailleur, ils font face à l'entrée du tombeau du saint soufi. La musique peut commencer.

Avec leurs harmoniums (instrument entre le piano et l'accordéon) et leurs voix puissantes, les chanteurs font vite taire l'assistance. Derrière eux se tiennent discrètement deux joueurs de tabla et de dholak, les percussions indiennes. Le rythme est répétitif, envoutant. Les voix des chanteurs explorent l'éventail des tonalités vocales, du plus grave au plus aigu. Deux choristes battent des mains à leurs côtés. Cachées derrière un moucharabie, quelques femmes entrent en transe au rythme des percussions.

Selon la tradition, les qawwalis sont chantés devant les mausolées de saints soufis. Le soufisme est une branche mystique de l'Islam, plus rigoureuse au niveau des prières, des jeunes et de la renonciation. Même si les chants soufis célèbrent généralement Allah et le prophète Mahomet, certains ont un caractère plus universel. Ghulam explique : "Il y a des qawwalis profanes. Ils honorent les poètes ou simplement la beauté du monde. Ce sont les ghazal". Ghulam rappelle aussi que les chants qawwalis sont ouverts sur différentes cultures. Ils sont chantés en arabe, hindi, sanskrit, persan, et ourdou. Autre signe d'ouverture : les femmes sont autorisées à écouter les qawwalis, alors qu'elles ne peuvent pas pénétrer dans le tombeau de Nizamuddin.

Une fois leur prestation terminée, Ghulam et Sultan traînent dans les ruelles et répondent aux questions des auditeurs. Leur travail n'est pas fini. Ils chantent aussi à la radio et à la télévision. Ils transportent l'art des qawwalis, art vieux de plus de six cents ans, jusque dans les films Bollywoods. Ghulam est très fier d'avoir doublé Abhishek Bachchan dans le dernier film Jhoom Barabar Jhoom.

La principale motivation de ces chanteurs reste la foi. Lorsqu'on leur demande pourquoi les qawwalis rencontrent un tel succès même chez les non soufis, les deux frères répondent simplement : "Dieu parle à tous les hommes".
Source : http://www.aujourdhuilinde.com/actualites-inde-les-chants-soufis-resonnent-au-coeur-de-new-delhi-385.asp?1=1

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Qui peut resté indifférent face à une parole de pure joie et de joie pure?